Jeudi 5 octobre 2017, le journal La Provence, en première page, titrait « L’OM annonce la couleur ». En page intérieure, la nouvelle Préfète à l’Egalité des chances, Marie-Emmanuelle Assidon, elle aussi annonçait sa couleur à propos des expulsions des familles roms à Marseille. Citons «Je ne vais pas vendre de la poudre de Perlimpinpin (sic!). Nous savons tous que la politique de résorption des camps conduit en effet à leur reconstitution…Mais ce qui nous guide, c’est la sécurité, l’aménagement urbain…il y aura donc encore des expulsions en cours d’année. Il n’y a pas de solution miracle. Et il faut l’engagement de tous les acteurs. »
L’engagement de tous les acteurs ! Cela tombait bien ! Avant cet article de La Provence, la veille, le Tribunal de grande instance de Marseille ajoutait sa couche de couleur dans une ordonnance de référé ordonnant l’expulsion, à la demande de la ville de Marseille, des familles demeurant 12 chemin de la Madrague Ville « attendu que ni le droit au logement et à l’abri, ni le droit au respect de la vie privée et familiale ne sauraient avoir pour conséquences de conférer à certains individus des prérogatives particulières à raison de leur origine ethnique ou de leur mode de vie (nomadisme) et à empêcher la cessation d’un trouble manifestement illicite, par ailleurs nuisible et dangereux; que de même , la bonne ou mauvaise exécution des obligations imparties à l’Etat en matière d’assistance aux individus dépourvus d’hébergement demeure sans incidence sur l’appréciation de la nécessité de l’expulsion qui repose sur l’atteinte au droit de propriété….ordonnons l’expulsion de Messieurs … » (la Marseillaise 17-10-2017)
Les décisions de justice ne doivent pas être commentées !
Ce jugement est inique !
Pas moins de 7 procédures sont actuellement en cours à Marseille touchant à l’expulsion de familles roms ou à l’obligation de quitter le territoire français (OQTF) pour 26 personnes de nationalité roumaine.
Pour cette dernière affaire, Delphine Tanguy, journaliste à La Provence, relatait dans ce journal l’audience qui s’est tenue devant le Tribunal Administratif le 16 octobre.
Rencontres tsiganes et d’autres associations sur Marseille sont mobilisées pour faire reconnaître leurs droits aux populations roms/tsiganes.
Devant les tribunaux, ce sont des avocats qui se battent quotidiennement pour faire respecter le droit et défendre des familles vivant dans une précarité sans nom.
On ne dira jamais assez toute la gratitude et le profond respect que l’on porte à ces hommes et femmes pour qui justice rime avec humain.
Les associations se sont regroupées pour dénoncer la violence des expulsions. Elles demandent à rencontrer la Préfète à l’Egalité des chances pour participer à la mise en oeuvre, avec l’Etat, d’une politique plus conforme aux engagements de la France en matière de respect des droits fondamentaux.
Le Défenseur des Droits a été saisi par Rencontres tsiganes et l’Ecole au présent pour dénoncer les conditions de vie des familles de la Madrague ville et pour que puisse être trouvé un hébergement pérenne à ces familles, en application de la circulaire interministérielle du 26 août 2012.
Une nouvelle fois c’est une avocate, Chantal Bourglan, qui a apporté son appui précieux, juridique et humain pour permettre la saisine du Défenseur des Droits.
Merci. Bravo aux avocats. Leur force et leur fierté, leurs convictions et leurs compétences, leurs émotions et leurs doutes parfois aussi dans ce métier où chaque victoire pour le droit est une solide et magnifique passerelle sur le chemin de la liberté, de l’égalité et de la fraternité pour tous les citoyens quelque soit leur origine.
JPPerrin.
RT
http://www.lamarseillaise.fr/bouches-du-rhone/societe/64375-bidonvilles-a-dispositif-sature-urgence-d-alternatives