Depuis plusieurs années, la LDH (Ligue des droits de l’homme) et ERRC (European roma rights centre) «recensent» chaque trimestre le nombre d’évacuations des lieux de vie (squats, bidonvilles etc…)*, occupés majoritairement par des familles Roms ou désignées comme telles.
Ils dénoncent dans leur rapport 2016 «des évacuations discrètes toujours aussi nombreuses, aussi injustes qu’inefficaces, face au mal-logement» et précisent que «ce sont plus de 6 familles sur 10 qui auraient encore été concernées cette année par ces opérations. 10 119 personnes sur 76 lieux de vie ont ainsi été expulsées de force par les autorités». Rencontres Tsiganes contribue localement à établir cette « comptabilité ».
Dans les Bouches du Rhône depuis 2012, à la différence des autres régions, la trêve hivernale s’applique aux squats et bidonvilles. Quelques mois de répit pour des familles qui savent toutefois que, dès le printemps, le cycle infernal (expulsion, errance, harcèlement policier et nouveau squat ou bidonville) reprendra.
L’année 2017 n’échappe à cette règle. Ainsi au mois d’avril, c’est le bidonville de la Rose qui inaugure la série. Le 10 au matin, environ 60 personnes, encore présentes sur les lieux, sont expulsées, sans pouvoir emporter leurs affaires. Une heure après, les bulldozers rentrent en action, en présence du maire de secteur, Stéphane Ravier, qui déclare sur les réseaux sociaux : «Après deux années de mobilisation et d’alerte, victoire de la mairie de secteur : le camp de roms de La Rose est évacué ! ».
On se gardera, cette fois encore, de lui rappeler qu’il n’est pour rien dans cette décision.
Le 12, c’est un squat, rue Flégier, et où vivaient 7 familles, qui est évacué.
Deux mois d’accalmie. 6 juillet au matin c’est au tour du plus grand squat de Marseille (plus de 200 personnes), rue Magallon, d’être évacué. Les familles ont déjà quitté les lieux. Certaines sont allées grossir des squats existants. D’autres s’installent sur un trottoir, entre deux voies de circulation, en pleine canicule, sans eau ni sanitaires. La ville de Marseille, propriétaire de ce bout de bitume, les a assignées au tribunal. On pourrait, une nouvelle fois, se poser la question : quel sens cela a-t-il d’engager une procédure d’expulsion à l’encontre de familles qui, de fait, sont déjà à la rue !
Le 11 juillet, ce sont quinze familles qui sont contraintes de quitter le squat qu’elles occupaientt depuis l’été dernier, bd Capitaine Gèze.
Enfin pour clore la saison, le 28 août, une trentaine de personnes qui occupaient, depuis quelques mois, des locaux désaffectés appartenant à la ville de Marseille, rue de Ruffi, ont été priées de quitter les lieux !
Rappelons que pour chacune de ces expulsions, aucune proposition d’hébergement n’a été faite. Les 6 nuits d’hôtel accordées aux familles avec enfants de moins de trois ne faisant que retarder la mise à la rue !
Présentant le bilan de son action, dans le journal la Provence le 31 août, le Préfet à l’égalité des chances reconnaît que, concernant « les campements roms » régulièrement évacués « On voit bien que ça ne fonctionne pas »! Il tient toutefois à préciser, face à ceux qui l’accusent d’avoir expulsé des familles pendant l’été, que «c’est pour éviter la déscolarisation des enfants en cours d’année» ! Quid des enfants de la Rose et de la rue Flégier ?
Quels que soient les gouvernements, cette politique coûteuse et inefficace que ne cessent de dénoncer de nombreuses associations, se poursuit. Qu’en sera-t-il, sous l’ère de notre nouveau Président jupitérien ?
* https://www.ldh-france.org/wp-content/uploads/2017/02/Note-Expulsions-forcees-2016.pdf