Les barrières sanitaires qui s’opposaient aux expressions racistes s’effacent chaque jour davantage. « La mue est achevée : les expressions débridées du racisme ne subissent plus de condamnations morales. Aujourd’hui, le public désigné est traditionnellement français, y compris s’il a des appartenances culturelles et religieuses qui ne sont pas historiquement françaises. Philippe Bataille et Michel Wievorka.
Cette dramatique actualité met en lumière une évolution que, pour notre part, nous constatons et dénonçons depuis plusieurs années. Les multiples formes de discrimination dont les Roms/Tsiganes sont l’objet témoignent en effet de cette ‘cristallisation du racisme’ dans l’opinion d’une partie de nos concitoyens. Les propos tenus envers la jeune kosovare Léonarda et la Ministre Christiane TAUBIRA ont, chacun à leur manière, fait éclater sur la place publique cette réalité trop longtemps minorée voir niée. « je ne suis pas raciste, mais je le deviens »
Afin d’éviter le risque d’une stigmatisation croissante de ces familles, nous avions ici convenu de maintenir une certaine discrétion sur les propos menaçants, racistes et haineux qui nous sont adressés, par courrier, email, SMS ou téléphone, de la part de correspondants le plus souvent anonymes. La libération de la parole raciste ne peut donc nous surprendre et nous en constatons, chaque jour, les dérives et conséquences. Si les causes en sont multiples, les propos et la politique suivie par Nicolas Sarkozy ont joué un rôle majeur dans cette condamnable évolution. A Grenoble en août 2010, la désignation, comme fauteurs de trouble à l’origine de tous nos maux, de groupes humains déjà largement stigmatisés par l’histoire, a donné libre cours à toutes les expressions et attitudes xénophobes.
Aujourd’hui alimentée par un mouvement idéologique nauséabond, la stigmatisation s’amplifie et touche tous ceux qui laissent un tant soit peu apparaître leur différence.
Alors DOSTA ! Ne parlons plus des Roms, des Tsiganes, Gitans, Manouches, Yéniches, etc. Oublions pour un temps leur histoire, leur culture, leur langue, leur mode de vie, leurs apparences. Pour qu’ils ne revivent pas le cauchemar de l’extermination et des camps nazis, reconnaissons les pour ce qu’ils sont d’abord comme vous et moi : des hommes, des femmes, des enfants, français ou européens, étrangers, riches ou pauvres, nomades ou sédentaires.
Article 1er de la Déclaration des Droits de l’Homme : Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droit
Dans un mois c’est Noël. Alors un peu de compassion envers ces familles qui dorment dans les rues de nos villes à la recherche d’un toit, de chaleur et de dignité. (Un autre jour on vous reparlera de la culture Rom et de ceux qui en sont porteurs depuis des siècles.)
Alain FOUREST
Marseille 18/11/2013