Ces derniers mois, la surenchère n’a pas cessé à l’égard des Roms. D’un problème secondaire, c’est devenu l’une des questions les plus urgentes à régler en France. La circulaire interministérielle du 26 août 2012 « relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites » à côté de son volet « répressif » prévoit la prise en compte des personnes, leur hébergement et leur accompagnement vers l’emploi et le logement dans le cadre du droit commun.
Depuis un an, le préfet Régnier chargé de la mise en œuvre de cette politique a mené un travail considérable sur ce dossier avec toute une équipe et avec l’ensemble des associations, d’élus volontaires, de représentants des administrations d’État et des différents ministères. Dans le même temps, Manuel Valls annonce que de toute façon ces personnes ne peuvent pas s’intégrer, ce travail est totalement bafoué, méprisé. Et si, comme il le prétend, ces familles ont in fine vocation à retourner dans leur pays d’origine, on peut légitimement se demander si c’est encore la place des associations de faire un travail qui relève d’avantage d’une fonction de police. Comment affirmer que 20.000 Roms qui sont, avant tous des citoyens européens, ont vocation à rentrer dans leurs pays, alors qu’environ un million de Français vivent dans un autre pays de l’UE.
Il est regrettable de ne pas entendre les autres ministres qui ont signé la circulaire. Qu’en pensent la ministre du Logement, le ministre de l’Éducation nationale, la ministre déléguée à l’Exclusion ? Cette schizophrénie à la tête de l’État sur cette question est insupportable. Qui définit la politique de la France en la matière ? Le Premier ministre ou Manuel Valls ? Les Français doivent savoir.
Calmer les esprits
Les actions que nous menons depuis des années consistent aussi à sensibiliser l’opinion publique. Faire mieux connaître ces populations auprès de nos concitoyens est pour nous essentiel si l’on veut faire changer le regard qu’on porte sur eux. Partager les connaissances, faire témoigner des Roms, c’est aussi lutter contre les préjugés et les stéréotypes. L’opinion peut comprendre que ce ne sont pas des nomades qui vivent dans des caravanes, qu’ils sont là comme beaucoup d’autres migrants économiques avant eux, pour travailler, habiter dans un logement, envoyer leurs enfants à l’école, vivre dans la dignité.
Si évacuer des campements et des bidonvilles est souvent nécessaire en raison de leur l’état sanitaire inacceptable, on ne peut pas laisser des gens vivre dans des conditions sordides mais, sans solution, ces familles vont s’installer quelques mètres plus loin au grand dam des habitants qui ne comprennent plus cette politique.
L’argument qu’on entend ici ou là, selon lequel à partir de 2014 on ne pourra plus expulser les Roms est totalement faux. C’est de la pure propagande. La situation et le statut des Roms roumains ou bulgares en France n’a rien à voir avec l’espace Schengen. Depuis 2007, les citoyens roumains et bulgares peuvent circuler librement en Europe, rester en France trois mois sans davantage de formalités mais doivent prouver ensuite qu’ils ont les ressources suffisantes pour subvenir à leur besoin pour ne pas devenir une charge pour la collectivité.
La circulaire du 26 août 2012 invite les collectivités locales à trouver des solutions alternatives pour les familles qui s’installent sur des terrains ou des bâtiments devant être évacuées. À Marseille, certaines ont trouvé un logement, elles ne sont plus visibles, les parents travaillent et les enfants vont à l’école. Il convient de saluer le maire de Gardanne qui avec courage fait un pari sur son mandat en accueillant une dizaine de familles Roms et en leur offrant des conditions de vie acceptables. Lors de la campagne électorale qui s’amorce souhaitons qu’il serve d’exemple et que tous les candidats se positionnent sur ce dossier afin que la « question Roms » soit ramenée à une approche plus respectueuse des droits et de la dignité de tous citoyens.
Jean-Paul KOPP
Le 20/10/2013