La culture Rom/Tsigane, un défi pour le siècle

La culture Rom/Tsigane un défi pour le siècle.

Cette culture trop longtemps méconnue et malmenée, demeure aujourd’hui, malgré de nombreux obstacles, un facteur fédérateur qui transcende les statuts, les frontières, les comportements, de plusieurs millions d’hommes et de femmes à travers l’Europe et le Monde. Cette appartenance à une histoire et à une culture commune, longtemps niée parfois par les intéressés eux-mêmes, semble retrouver depuis peu un nouveau dynamisme grâce sans doute aux bienfaits de la mondialisation, aux nouveaux moyens de transport et de communication et à la suppression progressive des frontières.

Dans la présentation de l’album de l’exposition BOHEMES (à ne pas manquer au Grand Palais à Paris jusqu’au 14 janvier) Henriette ASSEO écrit : « L’histoire des Tsiganes est celle d’un peuple qui présente une solide construction culturelle sans être soudé par les caractères habituels d’une nation : langue, religion ou territoire. Un peuple qui fut pourchassé et toléré comme une sorte de calamité naturelle récurrente et familière »

De nombreux chercheurs, historiens, anthropologues, sociologues et artistes en tous genres, tentent de mettre en valeur et de donner une lisibilité aux divers aspects et à la richesse de cette culture. C’est compter sans les craintes et les peurs allant parfois jusqu’à la haine des sociétés d’accueil qui ont conduit jusqu’au génocide.

Depuis quelques temps, en Europe et en France, la migration de familles Roms/Tsiganes originaires de l’Est est venue brouiller un peu plus les cartes. La désignation de ces familles sous le terme Rom, par-delà leur nationalité d’origine et leurs conditions de vie souvent miséreuses dans les friches des grandes villes, ont justifié la dénonciation de leur amalgame suspect avec les Tsiganes français, présents sur le territoire de longue date et désignés administrativement comme ‘gens du voyage’.

Cependant, la très grande diversité des multiples groupes familiaux dispersés à travers le monde ne peut suffire à faire disparaître les facteurs d’unité décrits par l’ensemble des experts. Si la musique est, à n’en pas douter, au premier rang de ces savoirs-faire et de ces valeurs communes, on ne saurait ignorer que, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeur, les traditions et les croyances sont partie intégrante de cette culture … Ce « réservoir commun » évolue dans le temps par et dans les formes des échanges. Il se constitue en manières distinctes d’être, de penser, d’agir et de communiquer. (Selon l’UNESCO )

Certes, les Roms récemment immigrés en France, pourchassés et pas même tolérés, ont, pour la plupart, d’autres priorités que de mettre en valeur l’originalité de leur culture et n’ont qu’un objectif : se fondre dans la société d’accueil. Pour ceux qui les côtoient, nul doute cependant que, au-delà des apparences souvent négatives, ces familles sont porteuses de valeurs ancestrales qu’il serait impardonnable de ne pas reconnaître.

Voilà plusieurs années que des organisations européennes luttent pour la reconnaissance des droits mais aussi de la culture des Roms/Tsiganes. En France après une période d’inquiétude et de méfiance vis-à-vis de cette nouvelle migration un peu particulière, les organisations représentatives des Tsiganes (l’UFAT, Vie et Lumière, l’ANGVC etc..) manifestent progressivement leur solidarité avec ces ‘lointains cousins’ avec lesquels ils partagent sinon une langue du moins une histoire commune et le respect des droits fondamentaux de l’être humain. Il faut ainsi souhaiter que ces fragiles passerelles qui s’établissent entre les uns et les autres servent de guide et participent à la reconnaissance et au développement sous toutes les formes d’une culture qui, autant que d’autres, mérite d’être préservée.

Alain FOUREST
Marseille le 20/11/2012 

 


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