Des nouvelles du forum européen des Roms

Echos du Forum européen des Rroms

 par la rédaction de Dépèches Tsiganes

Réunis à Strasbourg les 6 et 7 septembre derniers, les délégués des organisations rroms apportent des analyses inattendues sur la politique française à l’égard des Rroms migrants. Reportage dans les coulisses de l’assemblée plénière du Forum européen des Rroms et gens du voyage (ERTF)
La suite :
« Nous ne voulons pas de bidonvilles. Le gouvernement a raison de lutter contre », Brahim Music, délégué représentant des Rroms migrants vivant en France. « Il faut s’attaquer efficacement à la misère et au mal logement », Francine Jacob, déléguée française. « Les gouvernements qui exportent la misère vers les pays de l’Ouest nous inquiètent », May Bittel, délégué suisse, « Les bidonvilles, c’est d’abord une question de droits de l’homme, pas spécialement une question de droit des Rroms », Milo Delage, délégué des gens du voyage français.

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Les délégués du forum lors du dépôt de gerbes en mémoire des victimes du génocide
Photo F.J.
Exigences pour éradiquer les bidonvilles
Dans les coulisses du Conseil de l’Europe où la diplomatie feutrée est de mise, ces bribes de réactions traduisent de profondes inquiétudes. Les délégués francophones constatent sans surprise que, faute d’emplois et de logements, les services sociaux français n’arrivent pas à trouver des solutions satisfaisantes. Ce constat vaut autant pour l’ensemble des 100 000 personnes à la rue en France que pour les migrants de l’Est. « Nous ne pouvons laisser ces gens rroms ou non, émigrés ou français, dans des conditions de vie indignes d’un pays comme le nôtre », martèle Milo Delage au nom des voyageurs français. « En ne se penchant que sur les bidonvilles dits rroms, on oublie la majorité des Rroms qui sont intégrés par leur propre volonté sans avoir besoin d’aides particulières », martèle Brahim Music qui pointe les effets pervers des dispositifs spéciaux mis en place pour les Rroms. « Des ONG et des associations caritives ont besoin de ces bidonvilles et des subventions qui leur sont données pour y intervenir », dénonce-t-il. Vu de la Suisse qui vient de durcir les conditions d’octroi du statut de réfugié pour les ressortissants des Balkans, May Bittel attire l’attention sur les politiques d’exportation de la misère menée par les Etats de l’Est. « La Roumanie reçoit beaucoup d’aides, mais les conditions de vie des Rroms ne s’améliorent pas. Tout semble fait pour encourager une émigration que les pays de l’Ouest ne peuvent assumer ». De son côté, Francine Jacob déplore que ces débats sur l’émigration entre l’Est et l’Ouest aboutissent à remettre en cause la citoyenneté des Rroms dans chacun des pays et à limiter les droits à la libre circulation. « Sous prétexte que des familles se retrouvent dans la misère, tous les Rroms se retrouvent suspects et l’anti-tsiganisme progresse partout ».
Solidarité active avec les gens du voyage
Loin de rester dans la bulle confortable des instances européenne, les délégués francophones ont rendu visite à un groupe de grand passage en stationnement conflictuel à la lisière de Strasbourg. « La communauté urbaine ne dispose pas encore de terrain de grand passage, nous avons donc dû trouver par nous-mêmes un site pour nos 110 familles », explique l’un des responsables* de cette mission évangélique, qui déplore les difficultés pour obtenir un raccordement tarifé au réseau d’eau potable. « Nous avons un léger désaccord commercial avec l’exploitant du champ qui exige 15 000 EUR pour son herbe alors que nous lui en offrons 600 EUR », explique-t-il en précisant avec humour qu’il songe à se reconvertir dans l’agriculture. Arrivé fin août après la récolte de l’herbe, le groupe mise sur le sens de la mesure des juges pour déterminer un juste prix. « Malheureusement en Alsace nous manquons d’avocats compétents, précise le pasteur qui, en urgence, a recruté et formé un défenseur apte à représenter les familles dans cette affaire. « Au moins, pour la rentrée scolaire, les enfants ont été acceptés sans difficulté dans les écoles », témoigne une mère de famille. Elle fait remarquer aux délégués que les jeunes voyageurs, bien élevés, respectent les potagers voisins et participent activement à la propreté du site en ramassant les rares papiers tombés par terre aux abords du chapiteau qui sert de lieu de rassemblement et de prière. « Pourtant, ils auraient des raisons d’être en colère avec toutes les difficultés qu’on nous fait », précise-t-elle en évoquant les coupures d’eau qui, au début de l’étape, ont rendu la vie quotidienne compliquée. « Nous n’avons pas tous des réservoirs d’eau. Bien sûr, quand on nous coupe l’eau nous partageons, mais ce n’est pas la même chose que d’être relié au réseau. Dans les maisons, personne ne se permet de priver une famille d’eau potable et de l’obliger à compter sur ses voisins », dénonce une autre mère de famille.

La France, un point sur la carte des 47 Etats de l’Europe

Dans les séances de l’assemblée plénière du Forum, les délégués français ont participé, comme leurs collègues des autres Etats, aux débats qui ont balayé l’ensemble de la situation des Rroms sur le continent. Ils se sont aussi penchés sur le fonctionnement du Forum et les faiblesses de cette organisation mal connue, qui peine à agir concrètement sur le terrain.
Pour en savoir plus : ne manquez pas nos prochains articles sur les retombées de cette assemblée.
Lisez ou relisez notre article du 4 septembre : http://www.depechestsiganes.fr/?p=4437


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