La longue traque des familles expulsées de Chateau Gombert

 Après une semaine d’errance et sur la pression des nombreux militants de Gardanne, d’Aix et de Marseille une solution provisoire a finalement été trouvée sur un terrain à Gardanne. La preuve est ainsi faite qu’avec un peu de bonne volonté des solutions raisonnables sont possible.

Témoignage sur ce que des familles ont vécu suite à l’expulsion de Château-Gombert

Jeudi 30 août, des familles roms sont expulsées du terrain qu’elles occupaient dans la technopole de Château Gombert. Elles quittent les lieux, dans la matinée, avec leurs véhicules.

Samedi 1° septembre au matin, une des personnes expulsées me contacte téléphoniquement. Ils sont environ une trentaine (adultes et enfants dont un bébé de 1 mois) sur un terrain à Gignac. La police est passée les voir plusieurs fois et leur a demandé de quitter les lieux.

Dimanche soir, cette même personne me rappelle. Il est presque minuit. Ils ont eu peur de rester à Gignac et sont revenus sur Marseille. Ils sont sur un parking dans le quartier de la Rose. Des policiers sont là également avec un chien. J’entends au bout du fil les propos très virulents qui leurs sont tenus et un chien aboyer. Je demande à parler à un des policiers. Je décline mon identité à l’un d’eux, il ricane et me signifie qu’il refuse de me parler. Je conseille aux familles de quitter ce lieu et de retourner sur le parking de la technopole de Château-Gombert et de me rappeler le lendemain matin.

Lundi matin, ils sont à Château Gombert, boulevard A. Einstein. Un policier accepte de me parler au téléphone. Je dois, selon lui, dire à ces familles de quitter les lieux. Je réponds que ce n’est pas à moi de le faire et que c’est la police qui doit leur indiquer où ils peuvent aller. Ce policier me dit alors que, là, ils sont sur un terrain de la Mairie et qu’ils doivent aller sur un terrain du conseil général (sic). Les familles quittent les lieux. Ils sont vers midi près du marché aux puces et là, de nouveau, la police leur demande de partir. Nouvel appel vers 13h, ils pensent retourner à Gignac.

Mardi soir ils m’appellent, ils me disent qu’ils sont près de l’usine Haribo.

Mercredi en début d’après midi, nous décidons, avec Dominique Haezebrouk de Médecins du monde, d’aller à leur rencontre. Nous les retrouvons sur un parking au début du chemin des Aygalades. Ils nous expliquent qu’ils sont sur un terrain à Gardanne. Il semble que la police leur ait dit qu’elle « tolérait » la présence des femmes. Mais le terrain est privé et le propriétaire, ne supportant pas leur présence, a, paraît il, tenté de mettre le feu. Il y aurait eu une intervention des pompiers.
Les familles nous montrent des attestations d’inscription dans des établissements scolaires (collège Rosa Parks, collège Versailles). Il est évident que, vu leurs conditions de vie ces derniers jours, les enfants n’étaient pas présents le jour de la rentrée des classes.

Je précise que la personne avec qui j’ai été régulièrement en contact maîtrise plutôt bien le français et que seul son témoignage pourra compléter mon récit partiel des événements.

Marseille le 6 septembre 2012
Caroline Godard

Gardanne, le 10 Septembre 2012

Communiqué de presse

Les familles de Roms, expulsées de Marseille s’installent dans les communes du département hors Marseille dans des conditions sanitaires et humaines très difficiles.

A Gardanne, la municipalité est à pied d’oeuvre pour aider ces familles avec l’aide notamment du CCAS qui dès la semaine dernière leur a apporté de l’eau et des couches, des atelie
rs de Gaïa qui leur ont offert des légumes et de l’eau, de la police municipale et des services sociaux compétents. Les responsables de ces familles ont été reçus en mairie, un contact a été pris auprès de l’Education Nationale pour scolariser les enfants, un terrain va leur être proposé pour s’installer provisoirement.

Il ne s’agit que d’une solution partielle et temporaire. Il appartient à l’état d’apporter une réponse globale et pérenne à la situation de ces familles. Une réunion en préfecture est organisée mercredi prochain pour proposer une solution globale et le maire a interpellé le premier ministre et le ministre de l’intérieur pour une prise en charge rapide de cette situation intenable pour les familles et les communes.


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