Une agression odieuse contre des militants

Un associatif agressé en marge de la sortie anti-Roms de l’UMP

Sous les yeux de Nora Preziosi, candidate UMP, le président de la Ligue des droits de l’homme a été pris à partie par des riverains de Château-Gombert excédés par la présence d’un campement de Roms au pied de leurs habitations.
Caroline Godard, en février, aux côtés de Roms menacés d’expulsion

Caroline Godard, en février, aux côtés de Roms menacés d’expulsion
Esther Griffe

La situation tendue entre riverains des campements de Roms et leurs occupants a pris un nouveau tour hier soir. Plusieurs militants associatifs ont été molestés par des habitants de Château-Gombert. L’un d’eux Bernard Eynaud, le président de la Ligue des droits de l’homme (LDH) s’en est tiré avec un beau cocard. Le tout dans le cadre d’une rencontre entre les riverains et la candidate UMP dans la 3e circonscription Nora Preziosi.

Peu après 20 heures, suite à une discussion animée sur la situation du quartier, les riverains accompagnés de la candidate sont descendus sur le campement, provoquant la peur des habitants qui ont ensuite appelé les associations qui les soutiennent dont certains représentants sont arrivés rapidement sur le terrain. Un documentariste de l’équipe de Serge Moati, Christophe Lancellotti, était sur place. « Le responsable de la Ligue des Droits de l’homme est venu me demander ce qu’il se passait. A peine était-il arrivé que l’on était entouré des voisins. Il s’est fait agresser verbalement. Le ton est monté à tel point que j’ai eu peur pour mon matériel. Je n’ai pas vu de coups jusqu’à ce que je réussisse à sortir de l’attroupement », précise-t-il.
« Ne pas recevoir la misère du monde »

« Cela a été hyper violent », confirme Caroline Godard, membre de la LDH qui a aussi reçu des coups. « Les voisins menaçaient de mettre le feu au campement, renchérit Bernard Eynaud. C’est pour cela que je suis intervenu et que les coups ont plu. » L’agression va donner lieu à des plaintes, annoncent-ils. « Provocation des associations », répond-on du côté de la candidate UMP qui n’a pas vu de violences physiques.

Aux yeux du réalisateur, l’équipe de Preziosi a plutôt cherché à calmer le jeu quand les associatifs expliquent le contraire. Ce matin, interrogée par Marsactu, celle qui est aussi adjointe au maire et conseillère régionale avait bien intégré un discours mais celui-ci n’avait rien d’un appel au calme : « Ce qu’il s’est passé ? Les gens, ils en peuvent plus ! Ils sont cambriolés régulièrement, les enfants des Roms vont à l’école alors que leurs enfants n’ont pas tous eu des places, etc. » Elle répète à l’envi : « On ne peut pas recevoir la misère du monde ». « On a des Français ici aussi. Il faut respecter ceux qui travaillent », lance-t-elle.
Toujours aucune solution pour les Roms

Des propos qui ne vont pas vraiment dans le sens de « l’apaisement » que souhaite vanter la candidate, qui nous renvoie ensuite vers son directeur de campagne, le vice-président de la communauté urbaine Gérard Chenoz. Il dénonce les « branchements pirates » en eau et en électricité et met sur un pied d’égalité « le droit de propriété et les droits de l’homme ».

Au-delà, des associatifs à la mairie PS de secteur, personne ne nie le caractère problématique de la situation. Un jugement a donné jusqu’en juillet aux habitants du campement pour quitter les lieux. Mais les solutions viables, comme souvent, n’existent pas : raison pour laquelle, selon nos informations, une nouvelle réquisition citoyenne est en préparation pour aboutir dans les prochains jours. L’immobilisme de la mairie en la matière semble servir de modèle au directeur de campagne de Preziosi. S’il a demandé au préfet de « recevoir les syndics » et d’intervenir « rapidement », il ne voit qu’une issue pour ces familles : rentrer chez eux car « si vous n’avez pas les moyens d’aller au ski, vous n’y allez pas ».

Par Jean-Marie Leforestier, le 25 mai 2012

Roms : l’impossible cohabitation

 

Publié le samedi 26 mai 2012 à 19H02

La tension monte à Château-Gombert, où les habitants sont excédés par un campement installé en plein champ

Jeudi soir, la candidate UMP aux législatives Nora Préziosi a visité le campement avec les riverains.
Photos Guillaume Ruoppolo
Le feu couve dans la garrigue, à deux pas du village de Château-Gombert (13e). Et l’incendie de violence qui menace d’embraser tout un quartier, les pompiers seraient bien incapables de le maîtriser…… Jeudi soir, c’est la police, arrivée de justesse, qui a étouffé l’étincelle, lorsqu’une échauffourée a opposé le président de la Ligue des Droits de l’Homme à des habitants (lire ci-dessous). Des riverains excédés, à bout de nerfs, et surtout livrés à eux-mêmes, abandonnés à leur détresse, comme c’est le cas chaque fois qu’un camp de Roms vient s’installer dans le paysage……
Cette fois, c’est en pleine nature, derrière le technopôle, que des familles tziganes ont déposé leurs cabanes, leurs ferrailles et leurs monticules de déchets. Comme téléporté du moyen-âge, cet îlot de misère fait face depuis janvier dernier à trois résidences proprettes (Athena, Étoile, les jardins d’Olympe). Une centaine de logements flambant neufs, « où on se saigne aux quatre veines pour s’offrir un peu de tranquillité », expliquent ces riverains. Jeudi soir, ils sont descendus en nombre devant les grilles de leurs résidences sécurisées, pour débattre de la situation qui empoisonne leur quotidien depuis six mois. Poubelles continuellement déversées, départs de feu, mètres cubes « volés » au point d’eau qui alimente les communs. Inévitablement, c’est aussi aux Roms que l’on pense quand un garage est cambriolé, quand un vélo disparaît.
« On n’ose plus promener le chien ou laisser les enfants jouer dehors »
« Tous les matins, je pars travailler avec la boule au ventre en ayant peur de ce que je vais retrouver le soir », soupire un locataire. « On n’ose plus promener le chien ou laisser les enfants jouer dehors », dit une maman. Sa voisine raconte que son petit dernier a été refusé à l’école maternelle en janvier. « On m’a dit qu’il n’y avait plus de place. Pourtant, 4 enfants roms ont bien été inscrits au même moment ». Un sentiment d’injustice qui, plus que tout, révolte les habitants. « Les Roms ont droit à tout, ils roulent sans être jamais contrôlés dans des voitures pas assurées. L’eau leur a été branchée, ils ont tiré un câble électrique en toute illégalité. Des sanitaires ont même été installés par les associations, les mêmes qui nous font la leçon, en nous accusant de racisme et d’intolérance ! »
Il y a quelques jours, de nouvelles familles expulsées d’Aix sont venues investir un terrain voisin. « Chaque jour, ils sont plus nombreux. Jusqu’à quand cela va durer ? », s’inquiètent les riverains. Officiellement, jusqu’au 22 juillet prochain, a répondu la justice. Saisi d’une demande d’expulsion par Marseille-Aménagement, propriétaire du terrain occupé, le juge des référés a accordé 4 mois de délai. « C’est scandaleux, car ces ressortissants ne peuvent pas séjourner plus de 3 mois sur le territoire français. De plus l’expulsion, nominative , ne porte que sur 5 ou 6 personnes », souligne Gérard Chenoz, vice-président UMP de la communauté urbaine, en visite jeudi dans le quartier. À ses côtés, Nora Preziosi, candidate UMP aux législatives, a promis de faire bouger les lignes. Avant elle, sa rivale socialiste Sylvie Andrieux avait elle aussi rencontré les riverains. Dans ce secteur où le Front National a fait un carton à la Présidentielle, les Roms sont devenus un thème majeur de campagne.

Lettre aux préfets
« Je tiens à attirer votre attention sur une situation qui me paraît présenter les germes d’un prochain et grave trouble à l’ordre public », a écrit Nora Préziosi au Préfet de région et au Préfet de police, suite à sa visite du campement. La candidate UMP aux législatives dans la 3e circonscription sollicite une audience des conseils syndicaux des copropriétés concernées, « afin d’envisager des solutions urgentes » . Par ailleurs, un nouveau référé d’expulsion va être introduit par Marseille-Aménagement.
La visite de la candidate, qui est allée jeudi soir au devant des riverains mais a également rencontré des familles roms, avec lesquelles une discussion s’est engagée, n’est pas du goût du Front de Gauche, qui lui reproche d’avoir « mis le feu aux poudres ». « Les milices UMP ne passeront pas dans les quartiers nord » clame le parti de Jean-Luc Mélenchon dans un communiqué, qui attribue les incidents de jeudi soir, à une « milice de quartier », rappelant « les pires moments de l’histoire ». Et si la politique, c’était l’art de souffler sur les braises ?…


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