Le drame des « fauchées » de l’A7

 A peine l’information connue sur ce »fait divers »effrayant , nous avons été sollicité par des journalistes cherchant à rassembler des informations sur l’origine de ces enfants qui appartiendraient « la communauté gitane des gens du voyage » à Marseille . Nous n’avions aucune information sur cette famille mais nous avons alerté très précisément la journaliste du journal Le Monde sur le danger de désigner cette famille par une prétendue appartenance communautaire .

Voilà en effet plusieurs années que, sans résultats nous mettons en garde les médias sur l’habitude néfaste de désigner de manière arbitraire et stigmatisante des appartenances supposées à tel ou tel groupe minoritaire ou prétendu ethnique. 

Ce débat a été largement abordé lors de la rencontre organisée sur ce thème samedi 31 mars à Marseille dans le cadre du festival Latcho Divano. Nous n’aurons de cesse de dénoncer ces désignations illégales qui jettent le discrédit sur une partie de nos concitoyens 

Ci dessous le courrier ( un de plus ) adressé à la journaliste

 Madame Patricia JOLLY
Journal LE MONDE

Madame

Dans deux articles récents vous avez rendu compte de la mort dramatique des trois jeunes femmes-enfants fauchées sur l’autoroute près de Montélimar. Pour avoir plus d’informations vous nous aviez contactés le lundi 19 mars et nous vous avions mise en garde contre la façon de désigner ces personnes par leur supposée origine.
Vous avez cependant cru bon, à deux reprises, de préciser qu’elles faisaient partie d’une famille de la communauté de gens du voyage depuis longtemps sédentarisés.

Au delà de l’émotion et des interrogations qu’un tel drame peut susciter auprès de chacun d’entre nous et vos lecteurs, cette désignation contre laquelle nous vous avions mise en garde, nous paraît tout à la fois inexacte (un oximore) et en tout cas légalement et administrativement erronée. En effet le terme « gens du voyage » est une dénomination administrative qui concerne les personnes dont l’habitat traditionnel est la caravane et qui doivent disposer d’un carnet de circulation délivré par la préfecture et régulièrement visé par le police. Comme vous le signalez par ailleurs cette famille est logée dans le parc social et ne peut donc répondre à ces critères .

Un telle erreur de dénomination, hélas courante dans l’ensemble des médias mais aussi des administrations et finalement de beaucoup d’entre nous, a des conséquences graves pour toute une partie de nos concitoyens et se trouve en contradiction avec le rejet de toute forme de communautarisme dans notre pays. Comme vous le savez, ces différents groupes familiaux appartiennent à des traditions culturelles et historiques regroupées sous le terme Tsigane ou encore Rom-tsigane (Cf J P Liégeois) Ils font l’objet de multiples formes de discriminations qui relèvent parfois du racisme trop peu souvent condamné hélas. Le discours du Président de la République à Grenoble en juillet 2010 n’a fait qu’aggraver cette stigmatisation inadmissible.

Une fois de plus nous dénonçons cette dérive simplificatrice et stigmatisante qui consiste, de fait, à mettre à la charge de tout groupe social les comportements ou les dérives de quelques uns.
Les contacts que nous maintenons au quotidien avec ces personnes de culture Rom -Tsigane nous font mesurer les conséquences d’une telle stigmatisation. L’histoire nous apprend hélas les effets dramatiques d’une telle dérive dans la recherche de boucs émissaires .

Nous considérons donc de notre responsabilité de vous alerter ainsi que les responsables de votre journal sur les conséquences de toute forme d’amalgame à travers une désignation erronée.

 Recevez madame mes sincères salutations .

PJ ci joint une réaction parmi d’autres qui ne fait que confirmer notre analyse

Alain FOUREST
Président d’honneur de Rencontres Tsiganes

(lecteur abonné du MONDE depuis 1957)


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