Le maire de Strasbourg s’engage

Strasbourg / Conseil de l’Europe

Roland Ries précise les modalités de l’aire d’accueil des Roms

Le maire de Strasbourg Roland Ries a profité de la tenue du sommet des maires européens sur les Roms, au Conseil de l’Europe, pour dénoncer l’attitude de la France vis à vis de cette population nomade et dévoiler les contours de l’aire d’accueil des Roms qu’il prévoit d’inaugurer mi-octobre à Strasbourg. Mais de son côté, l’association «Les enfants de Sancho Panza» dénonce la poursuite des arrestations et des expulsions avec des assignations remises à une quinzaine de Roms hier à Strasbourg.
Roland Ries ce matin au Conseil de l’Europe (Photo CoE)
Annoncé dans nos colonnes, le sommet des maires européens s’est ouvert ce matin au Conseil de l’Europe à Strasbourg, avec notamment un discours du maire de Strasbourg.
Dans son allocution, Roland Ries s’en est pris à la politique du gouvernement vis à vis des Roms: «Le ministre français de l’Intérieur a à nouveau jeté les Roms à la vindicte populaire en lançant son plan de lutte contre les jeunes délinquants roumains». Il faisait allusion à des mesures annoncées le 12 septembre par Claude Guéant pour lutter contre la «délinquance roumaine». Lors d’une visite sur les Champs-Elysées, M. Guéant avait affirmé que 10% des personnes passant devant les tribunaux parisiens étaient de nationalité roumaine et que la moitié des Roumains interpellés étaient mineurs.
«Je le dis ici haut et fort, cette politique du bouc émissaire où une population complète est pointée du doigt est de mon point de vue inacceptable», a affirmé le maire de Strasbourg. Joignant le geste à la parole, Roland Ries en a profité pour préciser les contours de l’aire d’accueil pour les Roms qu’il compte inaugurer mi-octobre rue du Rempart, dans le quartier de la gare à Strasbourg,
«La présence de familles Roms à Strasbourg, a expliqué Roland Ries devant les maires européens, date des années 1990 ce qui correspond à la chute du bloc de l’Est. La Ville de Strasbourg connait ainsi depuis plusieurs années une dizaine de sites occupés de manière illicite par des familles et des personnes issues de la communauté Roms majoritairement d’origine roumaine. En fonction des périodes de l’année, ces sites comptent plus ou moins d’occupants – environ 70 familles. Le nombre de personnes concernées peut ainsi être évalué à plus ou moins 300 personnes, dont un tiers d’enfants, qui vivent dans un état de dénuement parfois total.»
«C’est ainsi qu’à Strasbourg, la Ville et la Communauté urbaine ont décidé de regrouper les familles en recherche d’insertion sur un site transitoire unique aménagé et présentant des conditions d’accueil conformes aux normes d’hygiène et de sécurité. (…) Cet espace temporaire vise l’accueil contractualisé d’une vingtaine de familles accompagnées par une équipe médicosociale. (…) Le coût global du projet est estimé à aujourd’hui à 440 000 euros financés exclusivement par la Ville de Strasbourg. La Communauté urbaine met quant à elle gratuitement à disposition le terrain qui accueillera ces familles. L’objectif de la mise en service de ce site, prévue dans quelques semaines à l’automne 2011, est bien entendu de donner aux Roms qui y seront installés le maximum de chances de pouvoir s’intégrer dans la vie de notre cité.»
Dans son discours, Roland Ries précise que «c’est dans le dialogue et la concertation que le transfert de ces populations Roms se fera et non pas dans le cadre de procédures judiciaires que j’ai d’ailleurs décidé d’arrêter immédiatement dès que j’en ai pris connaissance.»
Mais la coordination avec les services de l’Etat ne semble pas être aussi automatique, puisque de son côté, l’association «Les enfants de Sancho Panza», engagée dans la lutte contre le manque de logements à Strasbourg, a fait état d’une quinzaine d’assignations devant le Tribunal administratif délivrées hier à des Roms qui occupent des bâtiments rue Saint-Exupéry au Neuhof.

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