ETAT DE DROIT OU ETAT DE GUERRE ?
On est en droit de se poser une telle question lorsque l’on constate, à Marseille, l’action quotidienne du préfet de police, représentant de l’Etat, tout récemment nommé par le Président de la République pour assurer l’ordre dans cette ville. En août, l’expulsion musclée des familles Roms campant sur un jardin public de la porte d’Aix avait déjà soulevé un certain étonnement. La mobilisation de nombreuses et voyantes forces de police durant une matinée bloquant toute circulation semblait démesurée face à quelques familles tentant de récupérer leurs maigres bagages. Depuis, de manière toujours ostentatoire, plusieurs cars de CRS stationnent dans le quartier et l’espace public est interdit à tous citoyens. Seul un panneau récemment posé indique que la pelouse est interdite. Le quartier environnant est soumis à la même surveillance policière. Ce périmètre marseillais sous haute surveillance s’apparente ainsi à un ghetto officiel.
Dans un autre quartier de la ville, le nouveau Préfet montre aussi ses muscles afin sans doute de donner des gages à celui qui l’a mandaté. Mardi 20 septembre, l’expulsion d’un terrain occupé par des familles Roms dans le sud de la ville, a fait à nouveau l’objet d’une démonstration de force. Pour faire partir une quarantaine de personnes, les policiers et les CRS lourdement équipés, ont agi sous la surveillance directe du préfet de police en personne. On a noté qu’un hélicoptère de la gendarmerie nationale contrôlait du haut du ciel le bon déroulement des opérations. Les journalistes présents ont été refoulés et empêchés d’accomplir leur travail.
Le lendemain mercredi 21 dans le nord de la ville, une nouvelle opération spectacle mobilisait une compagnie de CRS et de nombreux policiers ainsi que trois camions grues. Là encore les passants pouvaient à juste titre s’inquiéter au vue des 25 cars de CRS et 7 voitures de police entourant un terrain vague sur lequel stationnaient depuis la veille au soir une quarantaine de caravanes appartenant à des familles de gens du voyage. Le commissaire leur notifiait verbalement une décision préfectorale d’expulsion et saisie des véhicules. Ces familles ainsi contraintes de quitter les lieux ont tenté en vain de trouver d’autres lieux de stationnement. Elles ont été suivies par des policiers qui leur interdisent tout stationnent sur la voie publique. Deux jours plus tard une quinzaine de familles est encore en errance et s’est vue interdire l’accès d’un terrain à Vitrolles.
Cette mobilisation policière à l’encontre des Roms Tsiganes étrangers et français résulte de la décision directe du Président de la République énoncé à Grenoble en juillet 2010. Deux préfets de police ont été remerciés faute d’avoir appliqué à la lettre les directives présidentielles. Le dernier arrivant, venu du sérail élyséen, l’a bien compris. Sans se préoccuper du respect de la légalité républicaine, il s’attaque au public le plus fragile et le plus stigmatisé pensant trouver ainsi auprès des marseillais un large acquiescement. Il fait ainsi aveu de faiblesse
Trop c’est trop , DOSTA !! Personne ne se fait d’illusion, cette démonstration de force ne peut en aucun cas répondre à une insécurité urbaine et une paupérisation qui se dégradent d’année en année et dont les causes ont été largement décrites par ailleurs.
Il est intolérable que les forces de l’ordre soient ainsi utilisées pour des démonstrations politiciennes d’un pouvoir aux abois. La sécurité de tous nos concitoyens ne peut se réduire à de telles manipulations.
Marseille le 23/09/2011