A Marseille: operation propreté avec les Roms

 
 
 

Coup de balai contre coups de pelleteuse

09-06-2011

 Durant deux jours, ils retroussent les manches pour faire place nette.

 

Mercredi 8 et jeudi 9 juin, les familles roms installées boulevard de Plombières nettoient le terrain. Une initiative menée par un collectif, sans le concours des collectivités locales
 
Parce que les expulsions de bidonvilles sans solution d’hébergement se multiplient. Parce qu’une expulsion c’est un nouveau squat qui naît ailleurs ou un autre qui se retrouve surpeuplé. Parce que l’insalubrité des lieux menace la santé des occupants. Parce qu’il faut entendre l’exaspération d’habitants riverains de squats. Parce que la Ville continue à refuser ne serait-ce que l’installation de toilettes sur ces sites… Les familles roms du boulevard de Plombières procèdent hier et aujourd’hui à l’évacuation des détritus encombrant leur lieu de vie avec le soutien logistique du collectif associatif Fondation Abbé Pierre, Ampil, Secours catholique, Addap 13, Médecins du Monde, Rencontres tsiganes.
Tous sont équipés de gants de jardinage. Certains ont endossé les t-shirt du Secours catholique. Les femmes ont attrapé les balais, les hommes empoignent les sacs pleins à craquer de détritus en tout genre pour les descendre jusqu’à la benne postée sur le trottoir en contrebas. Les efforts ne sont pas ménagés ce matin. Et il en faut, vu la configuration du site, à flanc de coteau.
« Il s’agit d’aménager un espace de vie plus salubre pour ces familles et de réduire les nuisances occasionnées au voisinage par l’accumulation de déchets », explique simplement Etienne Noël du Secours catholique. Sans signe de la part de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole, le collectif a investi 2 000 euros dans la location d’une benne qui devra effectuer 8 rotations en deux jours. A midi, le premier voyage est amorcé et les repas fournis par le Secours catholique sont bienvenus pour marquer une pause méritée. Et pour occuper les enfants pendant que les adultes n’économisent pas leur sueur, les animateurs de l’Addap et les jongleurs des Pamplemousses enflammés ont animé des ateliers sous la passerelle.
 

 Sur les listes des expulsions programmées ?

 
Cette action « entre dans le cadre du protocole d’accord signé entre les associations et le conseil régional Paca le 30 mars 2011 et est menée en partenariat avec la mairie de secteur du 2/3 », précise Jean-Paul Kopp de Rencontres tsiganes. Ce bidonville ne semblait pas menacé d’expulsion car un des trois propriétaires ne demande rien. Mais, José Allégrini a annoncé qu’il s’occuperait de ce cas début juin. Car l’adjoint au maire UMP délégué à la sécurité convoque un nouvel argument : l’évacuation pour péril, les installations électriques de fortune sont susceptibles de provoquer un incendie, comme cela a été le cas sur d’autres sites. Et ce squat est mitoyen d’habitations.
Mais toujours aucune politique d’accueil n’a été développée par les pouvoirs publics, en dehors de la Région qui devrait très prochainement être en mesure d’ouvrir une structure d’accueil familial dans le 3e arrondissement. « A ma connaissance, aucune collectivité des Bouches-du-Rhône n’a mobilisé les fonds européens prévus à cet effet », s’étonne Dominique Michel de l’Addap 13.
 
 
MYRIAM GUILLAUME
 
 
 
 
 
 
 

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