VIVE LA BIODIVERSITE !

VIVE LA BIODIVERSITE !

 
Depuis quelques années, le cri d’alarme des nombreux scientifiques semble heureusement en voie d’être entendu. Partout dans le monde des programmes de recherches se multiplient. La communauté scientifique se mobilise. Les responsables politiques, les ONG et le simple citoyen commencent à prendre conscience que la protection des espèces est un enjeu vital pour les générations à venir. On ne peut que se réjouir de cette prise de conscience avant qu’il ne soit trop tard.
 
Il nous paraît toutefois curieux qu’une mobilisation similaire ne manifeste pas avec autant de vigueur pour éviter la disparition des cultures en danger. Certes les civilisations et les cultures dont elles sont le reflet sont mortelles. Avec bien d’autres, Claude Lévi-Strauss a montré avec pertinence les dangers pour l’humanité de la disparition de ces cultures dites « premières ». On lira avec intérêt le merveilleux ouvrage consacré aux Indiens KOGIS écrit par Eric Julien (Actes Sud): « les peuples-racines dont font partie les Kogis, sont porteurs de solutions originales, à même de nous aider à voir autrement les grands enjeux de notre temps, non seulement dans le domaine des relations humaines, mais aussi dans celui de la science et de la compréhension des choses »
 
Sans aller si loin, le peuple des Roms Tsiganes, dans sa remarquable diversité, si près de nous, en Europe et dans le monde, est aussi en voie de disparition. Après des siècles de rejet et souvent d’extermination les Roms Tsiganes sont encore là, présents au milieu de nous mais pour combien de temps encore ? Certes le temps de l’esclavage ou des génocides semble révolu,mais plus subtilement, la société dominante ne reconnaît pas la place de « l’autre » si modeste soit-il. La culture dont ils sont porteurs est aujourd’hui en danger. La diversité culturelle ne saurait s’appliquer ces quelques groupes familiaux le plus souvent considérés comme asociaux, trop pauvres ou trop riches et en tout cas inaptes à s’adapter au monde contemporain et à en respecter les règles. C’est le discours largement dominant.
 
Paradoxalement, les diverses formes d’expression artistiques des Roms Tsiganes n’ont jamais connu un tel succès. La musique, sous toutes ses formes, mais aussi la danse, le cinéma, la photographie la poésie, le cirque, rassemblent les foules de plus en plus nombreuses de jeunes et de moins jeunes. Mais le titre de la table ronde qui ouvrait Babel-Med, le grand marché des musiques du Monde à Marseille, s’intitulait :« Leurs musiques, oui ! mais eux, non !. Cette forme de schizophrénie collective se manifeste quotidiennement comme on l’a constaté lors du festival LATCHO DIVANO. Pour nous, militants, sur le terrain, dans les quartiers de la ville :expulsions, manifestations, mépris et propos mensongers et parfois racistes envers les Roms ou les Gitans ont rythmé cette quinzaine. Il faut rendre hommage aux courageux organisateurs de ce festival d’avoir su trouver les occasions et les mots pour s’inscrire en contrepoint de cet aveuglement d’une partie de nos concitoyens.
 
Les déclarations de soutien des élus de Provence-Alpes-Côte-d’Azur et les dernières directives de l’Union Européenne laissent cependant un peu d’espoir. Le succès grandissant de la journée internationale des Roms montre que les membres de ce peuple, malgré sa grande diversité, sont sur la voie du rassemblement. Ils ont pris conscience du danger de la disparition de leur culture et des valeurs dont elle est porteuse depuis des siècles. ‘Les funambules de l’histoire’ (c’est le titre que leur donne Claire Auzias) sont plus que jamais en danger : Non, les funambules ne doivent pas mourir !!!!!
 
Alain FOUREST Marseille le 9/04/2011
 
 

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