DOSTA ! (ça suffit)

Projet DOSTA !

une résistance à l’exclusion sur les murs des villes tristes

dosta

AFFICHER « DOSTA ! » SUR LES MURS DES VILLES TRISTES
En affichant des présences humaines sur les murs des grandes villes, le projet « Dosta!! » veut montrer un peuple d’anonymes qui, ensemble, résistent à l’inhumain. Comme une manifestation silencieuse, faite de visages et de résistance.
Deux par deux, des hommes et des femmes, des enfants et des personnages âgées, des Rroms et des non-Rroms tiennent le mot « Dosta !! » face à eux. Ils sont photographiés à hauteur du regard, face à la porte d’une maison, puis affichés dans les rues de ces pays, de ces villes qui prétendent les exclure.
Le projet « DOSTA !! » se déroule en trois temps.
1. Les prises de vues :
Photographier deux êtres humains ensemble, soudés par ce large écriteau rouge qu’ils portent au devant d’eux avec, écrit par eux en lettres blanches, le mot « DOSTA !! » (Ça suffit en langue Romani).
Chaque photo représentera ces deux personnes en pied et en couleurs. Un Rom et un Non-Rom qui se sera engagé, à travers collectifs ou assos, auprès de cette communauté harcelée par le pouvoir politique.
C’est le portrait de cette solidarité : deux visages et quatre mains autour d’un seul mot partagé, porté au devant d’eux. Autour des deux personnages, rien d’autre que le cadre d’une porte, la pierre de seuil à leurs pieds.
2. Imprimer & afficher
Les portraits seront imprimés à l’échelle 1 et en couleur. ( Par exemple, deux personnes d’1m70 donneront une double silhouette imprimée d’1m70, dans un cadre de porte d’environ 1m90 ).
Un tirage à 500 exemplaires d’une vingtaine de ces affiches alimentera une première campagne d’affichage ponctuelle, au cœur de chaque ville d’où des Roms seront expulsés malmenés par les forces de l’ordre comme récemment à Strasbourg, Lyon, Montreuil ou Sucy-en-Brie.
D’autres campagnes d’affichage suivront, jusqu’à envahir les villes qui harcèlent.
3. Raconter des vies entières
Les portraits de ces hommes, femmes, enfants deux par deux formeront peu à peu « un peuple des solidaires » qui donneront matière à un livre, où face à chaque photo, chacune des vies et des identités sera racontée à travers un récit, dans le souci de raconter tout le chemin d’une existence.
Les racines de DOSTA !!
Nous croyons que ces présences humaines, solidaires, affichées sur les murs d’une ville pourront former, peu à peu, une population qui refuse en silence une violence faite à un peuple qui n’a ni frontières, ni armée. Alignées le long des rues, ces affiches auront sur les passants un impact visuel répété, jusqu’à inscrire ce mot – DOSTA !! – dans le lexique de la langue française.
En affichant des présences humaines sur les murs des rues, on touche aussi ceux qui ne vont pas au musée.
C’est avant tout un projet humain. Humain et européen. Les « personnages » de DOSTA !! seront tous européens, acteurs à ce titre d’une autre Europe à laquelle nous continuons de croire comme une nécessité vitale, élémentaire et passionnante à vivre.
Le projet DOSTA !! sera porté par l’association L’humanitarium.
Noémie Michel et Tieri Briet

dosta à Marseille

Une porte ouverte sur l’indignation

17-01-2011 La Provence
Cette photo et bien d’autres seront affichées sur les murs des villes qui excluent le peuple rom. ROBERT TERZIAN
 
Dosta ! Des portraits géants sur les murs d’une ville qui exclut les Roms.
Un homme, une femme, un enfant, un vieux. L’important c’est d’être deux. Deux pour poser devant une porte cochère. Un Rom et un gadjo (un non rom) soutiennent une pancarte où est écrit Dosta, ce qui veut dire en langue romani : « ça suffit ».
Cet accouplement insolite et éphémère est saisi sur le vif par la photographe Noémie Michel qui, avec l’éditeur Tieri Briet, originaire d’Arles, a eu l’idée de monter le projet Dosta, pour montrer comment on peut riposter à l’indignation. Les photos de la taille des personnages seront tirées à plusieurs exemplaires pour être affichées dans les rues de Marseille et d’autres villes encore, avant d’être proposées à la vente dans des expositions ou des festivals. Le prochain Latcho Divano qui se déroulera au mois de mars/avril à Marseille donnera à voir ces images insolites. Portraits d’hommes et de femmes qui veulent au-delà de leur différence exprimer leur solidarité.
C’est dans le quartier de la Plaine que les auteurs sont partis avec leurs modèles à le recherche de belles portes pour figer sur la pellicule leurs couples insolites. « Une porte c’est ouvert ou c’est fermé », explique Tieri Briet, libre ensuite d’interpréter comme bon nous semble. Une porte s’ouvre pour laisser entrer l’autre. Les Roms n’ont jamais eu de portes. Les gadjos s’enferment à double tour. Faut-il y voir un autre symbole : une porte ouverte sur l’indignation. « Qu’est ce que l’on peut faire », interroge Tieri Briet qui s’intéresse à la cause des Roms depuis leur terrible histoire du mémorial de Saliers près d’Arles, où ils étaient internés durant la Seconde Guerre mondiale.
Ce peuple qui a souffert est aussi un modèle de vie et de société. Il représente une alternative dans une société en crise. « Ce sont des Européens exemplaires. Pourtant aujourd’hui ils vivent un calvaire », accuse Tieri Briet.
L’idée de faire se rapprocher deux cultures était un pari osé. Anne, décoratrice habitant à Auriol, est venue « s’accoupler » avec Gigi d’Arles. Pour elle, c’était l’occasion d’exprimer sa révolte par rapport à tout ce qu’elle a entendu depuis l’été : ne plus accepter chez nous ceux qui pouvaient être différents. « J’aime la différence, je ne cherche pas à m’entourer de gens qui me ressemblent. »
Dans une ville où règne l’indifférence, Anne a apporté sa pierre à l’édifice. « Je n’ai pas grand chose d’autre à apporter que mon soutien », dira-t-elle avec modestie, après avoir accompli une grande œuvre.
CATHERINE WALGENWITZ

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