L’été de la honte : Une scandaleuse politique du bouc émissaire

 
 
L’été de la honte :Une scandaleuse politique du bouc émissaire
 
 
Au début de l’année des informations laissaient pressentir ce durcissement qui a conduit à la scandaleuse campagne de l’été, désignant des centaines de milliers de familles comme bouc émissaire justifiant une politique sécuritaire à connotation raciste. Des parlementaires remettaient en cause la loi du 5 juillet 2000 et exigeaient du gouvernement l’application de la taxe d‘habitation sur les caravanes. Le Ministre des affaires européennes tenait des propos outrageant pour les familles Rroms et négociait des accords douteux avec le gouvernement roumain.
 
En présentant le 21 mai à Arles le triste bilan de la mise en application de la loi du 5 juillet 2000, Rencontres Tsiganes confirmait le refus des élus locaux, sous la pression de l’opinion publique, d‘accueillir et de traiter les voyageurs dans des conditions dignes.
 
Prenant prétexte des violents incidents survenus à Saint Aignan, le Président de la République, dans un discours à Grenoble le 30 juillet, justifiait  cette politique xénophobe et soulevait des réactions indignées d’une grande partie de la communauté internationale. Pour autant le programme gouvernemental se poursuit aujourd’hui activement bien que de manière plus discrète.
 
Par-delà le bruit médiatique, c’est bien une stratégie d’exclusion organisée et préparée qui est mise en place. On en veut pour preuve la circulaire peu connue signée Eric Besson du 24 juin 2010 qui avec un très grand détail, indique aux Préfets les modalités pratiques de mise en œuvre de ce plan de chasse aux Rroms et Tsiganes. Contrairement à ce que certains ont cru et en particulier des représentants d’association de voyageurs, ce n’était pas seulement les quelques milliers de Rroms d’origine étrangère qui étaient visés par cette politique répressive mais l’ensemble de la communauté des gens du voyage.
 
Le chiffre arbitraire des 600 « campements illicites » à démanteler, fixé comme objectif aux Préfets était explicite et ne se limitait pas, à l’évidence, aux seuls campements de Rroms. Nous avons rapidement avec d’autres dénoncé à la fois le scandaleux amalgame fait entre des citoyens français et des migrants européens auxquels le simple droit humanitaire était refusé. A Marseille, comme de nombreuses autres villes nous avons, à l’appel de la Ligue des Droits de l’Homme, pris part aux manifestations du 4 septembre sous la bannière « Liberté Egalité Fraternité pour tous’ .
 
On peut mesurer aujourd’hui les conséquences directes de cette campagne de stigmatisation envers les Tsiganes français et les Rroms.
 
Pour les premiers c’est une multiplication des poursuites judiciaires et des opérations policières les empêchant de stationner, une hostilité accrue des maires qui, s’appuyant sur une opinion inquiète et mal informée, sans se soucier du respect de la loi, organisent la chasse aux gens du voyage.
 
Pour les Rroms c’est une précarité accrue, la peur qui s’installe et le retour forcé dans un pays qui les rejette.
 
Pour nos associations c’est aussi la remise en cause d’un long et patient travail d’information engagé auprès de nos concitoyens pour lutter contre les multiples préjugés trop largement répandu.
 
Alain FOUREST
Marseille le 8 décembre 2010
 
 
 

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