L’IMPOSSIBLE DIALOGUE

 L’IMPOSSIBLE DIALOGUE
 
Voilà plus de dix ans qu’avec patience et ténacité nous tentions de maintenir des liens avec les services publics et certains élus locaux afin de faire entendre la voix des tsiganes et appliquer le droit et en particulier la loi du 5 juillet 2000 qui organise le stationnement des gens du voyage. A de nombreuses reprises également nous avions alerté les uns et les autres sur les conditions humanitaires intolérables faites aux familles Rroms venus de l’Est.
 
Avec les membres actifs de Rencontres Tsiganes, nous avons multiplié les réunions, les rapports, les courriers, les visites auprès des représentants locaux de l’Etat et de quelques élus afin de les informer sur la réalité trop souvent ignorée de la vie des tsiganes. Loin de plaider pour telle ou telle dérogation, nous avons sans cesse réaffirmé les principes du droit républicain et la reconnaissance de la diversité culturelle.
 
Dix ans après, comme nous l’avons constaté à Arles en mai dernier en publiant le bilan des lois «Besson», aucun progrès n’a été réalisé. Plus grave encore, les lois sécuritaires de 2003 et 2007 sont venues mettre en cause les quelques avancées de la loi de juillet 2000 en stigmatisant et criminalisant les « voyageurs ».
 
En juillet dernier, à Saint Aignan, un contrôle de routine dramatiquement conclu par la mort d’un jeune tsigane a fourni l’occasion au gouvernement, une fois de plus, de mettre en accusation l’ensemble d’une communauté. Comme on a pu le constater, Il s’est agi d’une opération politique et médiatique soigneusement préparée par les circulaires du 24 juin et du 5 août et conclue par le « discours musclé » à Grenoble du Président de la République. La mention des Rroms dans un texte officiel a certes soulevé la condamnation de la France dans le monde et dans les instances européennes, mais le mal est fait et la machine policière et judiciaire est en route comme nous le constatons chaque jour.
 
Ne soyons pas dupes, malgré l’ambiguïté des dénominations c’est bien l’ensemble de la communauté des tsiganes Rroms français ou étrangers européens (ou MENS !) qui est ainsi visée par une politique d’exclusion et de rejet.
 
Invités le 14 octobre à prendre part à une réunion à la préfecture des Bouches-du-Rhône en présence du sous préfet et d’un adjoint au maire de Marseille, j’ai exprimé vigoureusement, au nom de Rencontres Tsiganes et de tous ceux qui nous soutiennent notre indignation devant les récentes mesures gouvernementales et leur application zélée dans département. J’ai dénoncé cette odieuse chasse aux Rroms tsiganes, français ou étrangers. J’ai  estimé que, dans un tel contexte, notre participation à ce genre de rencontre s’avérait inutile. Nous ne pouvant cautionner de quelques manières, une politique contraire aux objectifs de notre association et qui remets en cause les valeurs que ensemble nous défendons .
 
Marseille le 20 octobre 2010                     Alain FOUREST
 
 

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