A Aix-en-Provence des familles de roms expulsées sous les yeux de l’Evêque

Rappel des faits

 En bordure de l’autoroute à proximité de la fondation Vassarely quelques familles Roms campent dans une très grande  précarité depuis plusieurs années .
A la demande de madame le Maire d’Aix en Provence, l’Etat (la direction des routes) propriétaire du terrain engage une procédure d’expulsion. Dans un premier temps Le Tribunal rejette la plainte qui est immédiatement suivie d’une nouvelle procédure de la part de la mairie d’Aix pour trouble à l’ordre public. Curieusement, le magistrat retient cette nouvelle plainte et refuse d’entendre la plaidoirie de l’avocat des Roms maître Claudie Hubert ? Plus curieusement encore  le tribunal justifie l’expulsion considérant que l’aire d ‘accueil des Gens du voyage du Réaltor qui dispose de l’eau et de l’ électricité doit accueillir ces famille. Le gestionnaire de ce terrain, ALOTRA, a pourtant préciser que ce terrain n’est accessible qu’aux Gens du voyage titulaires d’un carnet de circulation. Ce n’est bien sûr pas le cas des Roms roumains.
Comment dans ces conditions faire confiance à la justice qui, dans la circonstance semble appliquer à la lettre les décisions du  chef de l’Etat au mépris du droit le plus élémentaire ?

Aix : l’archevêque soutient les Roms

Publié le samedi 21 août 2010 à 17H17
Monseigneur Dufour a été le témoin de la destruction du camp d’Aix. Il évoque une politique « sécuritaire » et en appelle au respect
En poste à Aix depuis un an, l’archevêque prône « un amour préférentiel pour les plus pauvres ».
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Photo Serge Mercier

Vous étiez jeudi soir parmi les Roms, traverse de la Vierge Noire, quand la police est arrivée. Par quel hasard ?

J’ai demandé à rencontrer dans ce diocèse les plus pauvres, ceux qui vivent en marge de notre société. Le diacre Bernard Robin, l’un de mes plus proches collaborateurs, devait me conduire auprès des Roms depuis quelque temps, sans connaître à l’époque les discours sécuritaires de l’été. C’est une mission normale de rencontrer ceux que l’on voit mendier à la sortie des églises.
Comment s’est déroulée la rencontre ?
Ils sont chrétiens orthodoxes -ils auraient été musulmans, cela n’aurait rien changé-, et la proximité d’une même foi rend le dialogue plus facile. Nous avons évoqué leur situation. Comme cette jeune fille qui a eu son bac en Roumanie, a étudié pendant 9 ans le Français, qui vit ici depuis 8 ans. Écoutons, mettons-nous à leur place: s’il y a possibilité pour une famille d’un avenir meilleur dans un autre pays, elle y emmène ses enfants.
Comptez-vous voir aussi les Roms installés à l’Arbois ?
C’était organisé ce jeudi mais je suis resté plus longtemps que prévu. C’est une des orientations de mon diocèse: un amour préférentiel pour les plus pauvres. Cela fait partie de la foi chrétienne. Je reprendrai la parabole du bon Samaritain: nous faire proche d’eux, plutôt que de les éloigner de nous. On ne peut accepter qu’il n’y ait pas de respect. Il faut leur offrir des conditions minimales de vie à nos portes. Ils sont une interrogation pour notre confort.
Au-delà du message chrétien, avez-vous une marge d’action ?
Il faut un travail de raison. Le coeur ne suffit pas. S’ils ont commis en France des délits, ils doivent être jugés. Mais cela est une minorité! Nous ferons tout ce que permet la loi française. Il s’agit de citoyens européens, il doit y avoir possibilité de leur permettre de travailler (ndlr; l’intégration européenne de la Roumanie n’autorise pour l’instant que l’exercice de métiers « en tension »). Ils sont prêts à faire des travaux que le Français de souche ne veut pas faire. Il faut scolariser les enfants et Bernard Robin avec le Secours catholique projetait cette alphabétisation. Il faut travailler à leur intégration, tenir compte de ces familles qui sont là depuis 8 ans. Je ferai entendre ma voix. L’archevêque doit être le recours dans un arbitrage, la goutte d’huile dans le conflit.
Certains de vos paroissiens peuvent aussi éprouver cette peur des Roms…
A chaque visite paroissiale, je rencontre les gens du voyage et les Roms. Cela permet à mes paroissiens qui ne les connaissaient pas de les découvrir. C’est un travail patient, s’apprivoiser les uns les autres. A l’origine du rejet, il y a la peur. Je demande le respect, le dialogue. Il existe aujourd’hui des discours inadmissibles: nul ne peut être déchu de son humanité. Ce discours idéologique est inacceptable. Comme s’il y avait des populations inférieures…
Propos recueillis par Carole BARLETTA

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