Une déclaration de guerre !

Une déclaration de guerre !

 

Ce terme prononcé par le Président de la République au début du mois a rappelé pour les plus anciens d’entre nous des souvenirs dramatiques et dont on aurait bien aimé ne plus jamais entendre dans la bouche du plus haut responsable de notre pays. S’il a guerre, faut-il encore pouvoir reconnaître « l’ennemi » et les raisons d’une décision aussi brutale.
 
Si l’on suit les discours et commentaires de ceux qui nous gouvernent il s’agirait des Roms et des Gens du Voyage considérés comme les principaux fauteurs de troubles et portant atteinte à notre sécurité individuelle et collective. Répondant sans délais à cette déclaration de guerre, les forces de l’ordre, sous l’autorité des Préfets se sont mobilisées et, souvent avec brutalité, menacent, harcèlent, expulsent et poursuivent, sans relâches tous ces « ennemis » déclarés comme tels. Le Ministre de l’Intérieur dresse quotidiennement « le tableau de chasse »
 
Dans la déclaration du Président de la République, on retiendra quatre fautes importantes.
 
-Une faute vis-à-vis de l’histoire en confondant une communauté dite « gens du voyage » présente en France depuis le XVIe siècle et la communauté Roms sédentarisé à l’Est de l’Europe qui arrive en France depuis quelques années seulement. Certes les chercheurs ont mis récemment mis en évidence quelques éléments communs d’une culture d’origine indienne. Mais il y a manifestement abus de langage à laisser croire qu’il s agit d’une même communauté.
 
-Une double faute juridique en désignant à la vindicte populaire sous le même opprobre des citoyens français souvent depuis de nombreuses générations et des personnes étrangères originaires des pays membres pour la plupart de l’Union Européenne et bénéficiant à ce titre d’un droit de circulation.
 
-Une faute vis-à-vis des principes du droit national et international qui condamne toute forme de mise en cause collective envers un groupe social ou ethnique.
 
-Une faute politique en donnant raison aux tenants de l’idéologie raciste et xénophobe qui renaît dans l’ensemble de l’Europe.
 
« L’ennemi » déclaré, après un instant d’incompréhension et de stupeur n’est certes pas en état d’engager un rapport de force, mais s’organise et s’est trouvé de nombreux alliés. Les réactions le plus souvent indignées de nombreuses personnes associations et institutions montrent que le combat que l’on nous propose est injuste et indigne de la République. Les journalistes, dans la période généralement creuse de l’été, ont fort heureusement trouvé l’occasion d’un travail d’enquête et d’information le plus souvent bien documentée mettant en doute les propos gouvernementaux et le bien fondé de cette guerre.
Alors poursuivons la comparaison à laquelle on nous invite et puisqu’il y a guerre, comme nous anciens, rentrons en résistance par tous les moyens de droits que la démocratie nous reconnaît comme citoyens libres : pétitions, manifestations, interventions auprès des élus, recours juridiques, témoignages de solidarité et rencontre avec ces familles qui ne souhaitent qu’une chose : vivre en paix au milieu de nous.
 
Marseille le 23 août 2010       Alain FOUREST 
 
 
 
 
 
 

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