On avait dit que l’été serait chaud !
Alors qu’a Paris on déclare la guerre, dans la région les expulsions de gens du voyage se poursuivent comme à Arles, Salon, Vitrolles, Aix en Provence, Miramas ou encore Sanary et Hyères dans le Var. On notera que ces expulsions de gens du voyage français se font en toute illégalité car les maires n’ont pas appliqué la loi du 5 juillet 2000 malgré de multiples mise en demeure.
La loi n’est pas égale pour tous. Et les tribunaux semblent pour la plupart se conformer à la loi du plus fort.
A quand la condamnation d’un maire et son expulsion de la mairie ?
Aire de grand passage aux Salins : le terrain de la discorde
Haute tension sur la D12 et le chemin des Ourlèdes, lundi après-midi. De nombreux Salinois excédés, munis de banderoles, accompagnés d’élus municipaux, sont venus barrer la route afin de protester contre le projet d’aire de grand passage. Ils ont été délogés par la police nationale et des CRS sans pouvoir opposer de résistance.
« Face aux mitraillettes, on n’a pas le choix », se résigne Patrick Collet, président du COF des Salins. « C’est incroyable, murmure Christine Pilon, adjointe à la sécurité. Les CRS ne sont pas si directifs quand je suis sur le terrain avec les gens du voyage qui ne veulent pas bouger ! »
Projet incompréhensible
Rappel des faits : dans le cadre du schéma départemental d’accueil des gens du voyage, un projet lourd de conséquence chapeauté par TPM (Toulon Provence Méditerranée) prévoit d’installer une aire de grand passage (on parle de 200 caravanes) sur un terrain de la DDE, situé entre la D12 et le chemin des Ourlèdes.
« C’est inconcevable, incompréhensible et scandaleux s’insurge Jacky Piallat, responsable du camping Port Pothuau et président de l’association de « Sauvegarde des biens, des activités économiques, touristiques, agricoles et viticoles des Ourlèdes aux Salins », créée il y a quelques jours. L’incongruité d’un tel projet à deux pas d’une bande littorale très fréquentée et à proximité de trois campings… dépasse l’entendement. Nous sommes les dindons de la farce ! »
La veille, une mobilisation s’était organisée à la Playa Port Pothuau en présence d’une grande partie de la population, du maire Jacques Politi, de l’équipe municipale et du conseiller général Francis Roux. Ce dernier s’étonnait d’une telle décision : « Ce terrain agricole est en zone inondable. Il n’y a aucun arbre, aucun aménagement… On va créer un ghetto. »
Pourtant, malgré l’opposition générale à ce projet, dès le lendemain matin, soit lundi, des camions commençaient déjà à déblayer le terrain des Ourlèdes.
Sentiment d’injustice
Jacques Politi, quant à lui, estime ce choix injuste. « Depuis le début, nous avons voulu nous mettre en conformité avec la loi et avons cherché un terrain d’accueil pour les gens du voyage. Mais, à Hyères, il y a beaucoup de zones naturelles inondables. Pour l’heure, le projet de La Lieurette est en suspens. J’ai proposé un autre terrain au Plan du Pont, mais le Préfet m’a répondu que l’État avait un terrain, celui des Ourlèdes. On nous l’impose ! C’est insensé, car il va y avoir de nombreux problèmes de sécurité d’accès et d’ordre public. De plus, ce projet constitue une menace d’intérêt économique et touristique. »
Le propriétaire du camping Port Pothuau confirme : « Qui va assurer la sécurité des vacanciers qui représentent, chez moi, environ 1 400 personnes l’été. Mon outil de travail est menacé comme celui de mes confrères. Ce projet met en péril notre devenir, celui de nos enfants et anéantit tout espoir de développement. »
Espoir de trouver une solution consensuelle
Christian Beurel, du CIL des Salins, prévient que la mobilisation est très sérieuse : « Nous serons là demain et après-demain si l’on n’obtient pas gain de cause. »
Jacques Politi a décroché un entretien téléphonique, ce lundi, avec Hugues Parant, Préfet du Var, tandis que les esprits s’échauffaient sur la D12.
« Il m’a affirmé qu’aucune décision n’était prise quant au projet des Ourlèdes. Ce lundi, il ne s’agissait, selon lui, que de travaux de nettoyage. J’ai proposé le rachat de ce terrain par la ville. Hugues Parant m’a garanti que l’utilisation de ce terrain ne se ferait qu’avec mon autorisation. Je m’y opposerai ! »
Enfin, prochainement, une réunion prévoit de rassembler autour de la table le Préfet du Var, la municipalité et les Salinois afin de trouver une solution consensuelle.
Valérie Le Parc
Var-Matin