Dans le Var, la nature se déchaîne

Une fois encore après de telles catastrophes, on reste stupéfait devant les conséquences qui laissent des familles dans le plus grand dénuement, sans toit, sans travail et parfois sans espoirs. Certes, la solidarité s’organise sur le terrain et au niveau national les promesses d’aides se multiplient pour tenter de rassurer. Parmi les nombreux sinistrés de ces nuits de tempête, les familles de gens du voyage sont nombreuses et largement touchées comme le montre,les différents reportages photographiques : Caravanes éventrées au milieu des champs, voitures et camions enchevêtrés, on imagine la frayeur qu’ont subie ces familles.
Le bilan reste encore à faire aujourd’hui, mais deux situations se présentent : Des groupes s’étaient arrêtés sur des terres agricoles à Fréjus dans le delta de l’Argens, à proximité du terrain officiellement désigné pour accueillir les grands passages. Le maire de Fréjus reconnaît que ce terrain était classé zone inondable. C’est près d’une centaine de familles qui ont vu disparaître leur habitat mais aussi leur outil de travail et l’essentiel de leurs biens.
Ailleurs, dans plusieurs communes sinistrées comme au Muy, des familles sédentarisées de longue date ont également vu disparaître leur habitat mobil et souvent précaire sous une montagne de boue.
Il nous faut maintenant vérifier que la mobilisation des secours est bien accessible à chacun. Il serait en effet particulièrement odieux que des discriminations se manifestent dans de telles conditions. Quelques premières informations en ce sens nous incitent à la plus grande vigilance de la part de tous. Les CCAS, sous la responsabilité des maires, ont en effet le devoir de porter assistance à tous ceux qui sont dans le besoin quelles que soient leur origine ou leur commune de rattachement.
Très rapidement une difficulté va apparaître concernant les assurances. Comme on le dénonce depuis plusieurs années, la plupart des compagnies d’assurance pratiquent une discrimination sournoise en refusant d’assurer les caravanes des gens du voyage. De nombreuses personnes risquent ainsi de se retrouver sans aucun moyen de reconstituer leur lieu de vie. Le Président de la République vient d’annoncer la nomination d’un médiateur auprès de compagnies d’assurance. Il convient de le prévenir sans délai d’une telle situation et mettre en place les modalités d’une indemnisation de ces familles.
On n’oubliera pas non plus que si, dans ce département, la loi sur les terrains d’accueil avait été appliquée sans détour bon nombre de familles n’auraient pas été contraintes de stationner au hasard sur des terrains dangereux. Au Luc comme à Brignoles, les seules communes en règle avec la loi qui disposent de terrain d‘accueil, les dégâts sont à notre connaissance nuls.
Il faudra n’en doutons pas revenir sur les responsabilités des uns et des autres après un tel drame. Pour le moment, chacun à notre mesure efforçons nous d’apporter aide et réconforts à ceux qui ont tout perdu. Nous savons que la traditionnelle solidarité de la grande famille des tsiganes gens du voyage s’est déjà mise en route.
Marseille le 20 juin 2010
Alain FOUREST

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