Une bavure policière ?

{{ {{{Violences policières envers des femmes et des enfants Roms,}}} }}

Nous arrivons au campement qui est constitué par six caravanes abritant des familles Roms, ayant fuit la guerre en ex Yougoslavie, durement frappées par celle-ci (assassinat des parents, des conjoints, extraditions violentes d’Italie, vies et carrières brisées …). Elles ont obtenu l’asile politique et ont des cartes de résidents . Elles campent depuis plusieurs années à Marseille et dans la région, se déplaçant au gré des humeurs policières et municipales qui les chassent sans leur offrir la moindre perspective viable, dans des conditions de précarité inadmissibles : pas d’accès à l’eau, à l’électricité, aux sanitaires, insécurité, racisme, discrimination …Pour échouer depuis 2 ans, ici, en bordure de la voie ferrée, sous l’autoroute.

Cet après midi les hommes sont partis à la recherche d’un terrain plus favorable que celui-là. C’est Y M, qui nous accueille et nous relate les faits.

« Aujourd’hui, vers 15h une voiture de police avec 4 policiers à bord est venue en entrant en trombe dans le campement, puis sont repartis. » Sur le sol nous avons constaté qu’il comportait encore des traces profondes comme peut en produire une voiture qui fait des dérapages. Des gravillons ont été projetés sur les caravanes.

Y était avec sa mère qui la consolait car elles avaient été pour mettre une plaque sur la tombe de son fils de 10 ans écrasé, il y a deux ans, par un chauffard qui s’était enfui, quand : « Un quart d’heure plus tard ils reviennent en refaisant des dérapages pour effrayer les enfants. » Ces violentes intrusions affolent les mamans car les enfants jouent dehors, qui crient et se réfugient dans une caravane.

P. une fille de onze ans, qui a vécu des situations horribles et violentes pendant la guerre de Bosnie, racontées par ses parents : son grand-père et son oncle ont été assassinés par des soldats en uniforme. Elle prend peur et jette une pierre sur la voiture de police. Les policiers la poursuivent et elle se réfugie dans la caravane, qui sert de salle à manger, avec les autres enfants. Pendant que l’un des policiers « le plus costaud »reste à la porte un autre entre dans la caravane et tape sur P avec sa matraque. En se protégeant la tête. Elle a des marques, sur les 2 bras, encore bien visibles le lendemain, ainsi que sur la jambe droite.

La grand-mère Mme Y. M. sort de sa caravane, un bébé de neuf mois dans ses bras et leur demande ce qu’ils font et qu’ils laissent cet enfant tranquille. Elle leur fait remarquer qu’ils n’ont pas le droit d’intervenir de cette manière. « Ils auraient pu écraser un enfant. » Le policier répond : « je suis la loi, je fais ce que je veux » il les injurie : « gitan de merde »

Les policiers leur auraient reproché de voler de l’eau à la borne à incendie un peu plus loin. Y dit qu’il y en a un qui lui a pris, il y a quelque temps, 2 bidons en lui disant « comme ça tu ne voleras plus d’eau » (rappelons qu’ils n’ont aucun accès à l’eau) et ce à plusieurs reprises les policiers leur feront ce grief en confisquant les bidons. Ce policier viendrait fréquemment débrancher les piquages électriques qui sont faits sur la voie publique par les Roms (rappelons qu’ils n’ont pas accès à l’électricité). Elle dit aussi qu’il n’est pas normal parce que devant les enfants il fait des gestes obscènes se situant en dessous de la ceinture.

Y est emmenée, avec le bébé, au commissariat où elle sera mise en garde à vue. C’est ce que disent les policiers à la famille. Une de ses filles M sœur de Y et maman du bébé gardé par la grand mère, était partie au moment des faits, avec B un des petits fils de Y, faire des courses. Stupeur et inquiétude en apprenant à son retour au campement, le départ de sa mère très malade, de son jeune enfant et des violences psychologiques pour l’ensemble des personnes présentes et physiques à l’égard de Patricia.

Trois policiers sont revenus pour chercher les médicaments parce que Y n’allait pas très bien car elle est emphysémateuse, asthmatique et atteint d’un cancer ! Celui qui avait frappé P a menacé les enfants « vous ne dites rien, vous n’avez rien vu et toi désignant P je ne t’ai rien fait » « si, vous m’avez battue » aurait-elle répondu. M et Bruno ont suivi les policiers pour porter les médicaments et récupérer le bébé.

Nous irons plus tard avec Y, M et B. En entrant dans le commissariat P saisit au vol une phrase prononcé par un policier à un autre qu’il ne voit pas : « qu’est-ce qu’on fait avec la roumaine ?». Sachant que Mme M venait de Serbie il se pose la question est-ce d’elle qu’ils parlent en confondant les nationalités ou y a-t-il une autre Rom ?

Une policière nous reçoit et commence par nous dire qu’elle ne peut rien dire sinon que Mme M est en garde à vue à l’hôpital car elle a fait un malaise. Nous n’avons pas bien entendu le motif de la garde à vue, si c’était pour outrage et ou rébellion.

Comme les deux sœurs qui veulent en savoir plus et le font savoir un peu bruyamment la policière menace de les mettre aussi en GàV. Nous essayons de calmer le jeu elle ne peut rien dire quand elle va sortir, cela dépend du procureur mais «rassurez vous nous sommes dans un Etat de droit elle a eu droit à un avocat et elle est en sécurité » Je lui demande le nom de l’avocat elle répond « elle a le droit aussi de refuser l’avocat ».

Des conversations croisées s’engagent avec un policier qui devait être sur le terrain en tous cas qui connaissait bien la situation. « Elles n’ont rien à faire là elles n’ont pas de logement » Justement elles sont demandeuses de logement parce qu’elles ne peuvent pas squatter dans ces conditions ».La policière nous dit que dés qu’elle sortira de la garde à vue la famille serait prévenue par téléphone ou sur directement sur place. Il est 19h30 quand nous repartons à demi rassurés.

Le lendemain, après la visite à leur mère à l’hôpital Nord, nous apprenons que Y, n’a pas été mise en garde à vue et qu’elle y a été transportée après notre visite au commissariat. Un médecin est venu comme c’est prévu dans la procédure de la garde à vue qui a immédiatement ordonné son hospitalisation étant donné son état de santé. Les policiers disaient que « la roumaine jouait la comédie ».

Elle est aujourd’hui de retour sur le terrain avec sa famille mais tous restent gravement marqués par ces évènements. Ils ne veulent pas porter plainte envers la police de peur de représailles. Ils ne veulent pas non plus que l’on parle d’eux ….

Témoignage recueilli par un membre de la Ligue des Droits de l’Homme et un écrivain et mis en forme et diffusé sous la responsabilité de RENCONTRES TSIGANES

Marseille le 7/12/2009


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