Le Préfet Paul Girot de Langlade n’est hélas pas un inconnu pour les tsiganes. Depuis quelques années déjà il a tenu à deux reprises des propos racistes envers les « gens du voyage ». Il a donc récidivé à Orly, il y a quelques jours, en s’en prenant à des travailleurs d’origines africaines. Le Ministère de l’Intérieur l’a certes suspendu de ses fonctions officielles et des plaintes ont une nouvelle fois été engagées. Ce préfet, représentant de la République, est sensé, plus que d’autres, respecter la loi et défendre les valeurs républicaines. Il est donc particulièrement intolérable qu’il puisse encore être membre du corps préfectoral et exercer des fonctions au nom de l’Etat. Il est tout aussi inquiétant de constater qu’après deux procès et une condamnation, un jugement en appel l’ait disculpé en invoquant un vice de forme. Il est donc en droit de se dire l’objet d’un harcèlement et met en avant sa bonne foi en niant les propos qui lui ont été attribués. Il bénéficie ainsi d’une certaine impunité et pourra continuer à plaider non coupable avec la protection de son employeur l’Etat et la magnanimité de la justice qui, à coup sûr, considérera une nouvelle fois que la parole d’un préfet pèse plus lourd que celle d’une employée qui plus est, noire de peau.
Le comportement de ce préfet a certes attiré l’attention des médias durant la semaine creuse du mois d’août, mais dans quelques jours tout sera oublié et Monsieur Girot de Langlade pourra dormir en paix. Les réactions ont été, à ce jour, fort discrètes de la part des institutions chargées de défendre le droit. On attendra la rentrée, mais il est à craindre que les hommes politiques et les défenseurs du droit républicain aient d’autres préoccupations plus urgentes.
Un tel événement nous parait particulièrement lourd de conséquences pour deux raisons :
C’est, une fois de plus, la preuve d’un dysfonctionnement grave de l’Etat qui garde en son sein des personnes mettant ouvertement et publiquement en cause les principes républicains de non- discrimination et de respect des citoyens quelle que soit leur origine.
Plus grave encore : Ce monsieur, avec une certaine naïveté, tient des propos qu’il juge lui-même inoffensifs et qui ne font que refléter une assez large partie de l’opinion publique. Ce ‘racisme ordinaire’ trouve ainsi, auprès de ce haut fonctionnaire, une caution naturelle. Comment pourra -t-on alors faire grief à un fonctionnaire subalterne, un élu local ou plus encore à un simple citoyen, de tenir des propos similaires ? C’est pourtant ce qu’entendent presque chaque jour, les tsiganes et ceux qui les soutiennent.
Comment tenter alors de convaincre la communauté des tsiganes voyageurs ou sédentaires qu’ils doivent se comporter en citoyens respectueux des lois et que la justice les protège contre tous abus ? Paul Girot de Langlade , au-delà de sa personnalité contestable, illustre, pas ses propos et son comportement, une dérive idéologique particulièrement redoutable et qu’il convient de toute urgence de dénoncer avec la plus grande énergie.