{{ {{{Européens et réfugiés politiques au Canada
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A peine débarqué au Canada, à la fin du mois de mars, avec sa femme et ses deux enfants, Richard Gazi – un nom d’emprunt – a déposé une demande d’asile politique pour » persécution « . Puis il a pris immédiatement la direction de Toronto, où vivent de nombreux Roms originaires, comme lui et sa famille, de République tchèque.
Pourtant ressortissants d’un pays membre de l’Union européenne, ils obtiennent facilement le statut de réfugié au Canada, même s’ils doivent attendre parfois des années une décision de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié.
Cet organisme croule sous les demandes. Le nombre de requérants tchèques a en effet explosé depuis la suppression, en novembre 2007, de l’obligation de visa imposée dix ans plus tôt pour stopper une précédente vague d’immigration en provenance de ce pays. » Depuis dix-sept mois, 1 500 Roms tchèques ont réclamé l’asile politique au Canada, et 95 % des demandes traitées sont acceptées « , constate Paul Saint-Pierre, directeur du Centre communautaire rom de Toronto, passage quasi-obligé des Tsiganes tchèques, hongrois ou roumains qui émigrent au Canada.
» En République tchèque, dénonce Paul Saint-Pierre, la situation est terrible pour les Roms. Des skinheads et des néonazis sèment la terreur, alors que le gouvernement ne fait rien pour les protéger. » Une situation que Prague dément. La Commission canadienne de l’immigration a donc envoyé récemment une mission d’observation dans ce pays pour évaluer la situation de ces » inadaptables « , comme les appellent de plus en plus souvent les politiciens tchèques.
INTERDIT AUX TZIGANES
Des histoires comme celle des Gazi, le directeur du centre rom de Toronto en entend presque chaque jour. Ils ont fui la République tchèque fin mars, parce que quelques jours plus tôt, à un arrêt d’autobus de Pilsen, cinq skinheads avaient menacé leur bébé, injurié puis battu les parents avant de s’enfuir. La police n’a jamais enregistré leur plainte. Les Gazi ont aussi décrit ce racisme ordinaire qui a fini par les insupporter : bac à sable qu’on ne peut approcher parce que » nous ne sommes pas blancs « , restaurants » interdits aux Tziganes « , un voisin policier qui les harcèle, les traite de » porcs noirs » et jette ses ordures devant leur porte… Auquel s’ajoute une situation socioéconomique particulièrement défavorable pour cette communauté souvent marginalisée.
Au Canada, où la communauté rom compterait 100 000 personnes, les demandeurs de statut de réfugié peuvent bénéficier très rapidement d’une protection sociale, d’un permis de travail et de l’accès aux écoles pour les enfants.
Anne Pélouas (Montréal, Correspondance)