{{ {{{Discriminations positives ou négatives : cherchez l’erreur !
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Depuis quelques jours, prenant prétexte du soixantième anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, le débat sur les discriminations est à nouveau relancé. Tour à tour , Le Président de la République dans un récent discours, Simone Weil dans un rapport et de nombreux commentateurs, chacun met en avant des arguments déjà connus pour défendre à la fois le respect de la diversité, l’égalité des chance, mais aussi les grands principes républicains s’appuyant sur l’article 1er de la Déclaration : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits » Sans mettre en doute la bonne foi de tous ceux qui affirment ainsi leurs convictions égalitaires, force est de constater que le compte n’y est pas et que, comme le rappelle le sociologue Patrick Weil, Il faut passer à l’action au lieu de se contenter de symboles.
Chacun peut en effet constater, qu’aujourd’hui comme hier, un groupe de citoyens français dont le nombre est estimé entre 300 et 500.000, font partie d’une catégorie à part désignée sous le terme de « gens du voyage » et sont l’objet de multiples « discriminations négatives » Diverses lois « spécifiques » reconnaissent explicitement cette «communauté » et mettent ainsi en doute le respect scrupuleux de notre Constitution. Les « gens du voyage » bénéficient en effet d’attentions particulières du législateur mais aussi des diverses administrations et institutions qui les considèrent comme une population à risque sinon criminogène. C’est le cas notamment des services de police et de gendarmerie qui, de longue date, veillent scrupuleusement aux allers et venues de ces nomades considérés comme dangereux au point de constituer un service spécialisé dirigé par un général de gendarmerie, et de leur imposer un carnet de circulation renouvelable tous les trois mois. On apprend que la Ministre de l’Intérieur envisagerait de renoncer à l’appellation « du type gitan » pour caractériser ces personnes. Voilà une bonne nouvelle qui mériterait d’être vérifié sur place. A cette occasion, nous attendons toujours une réponse de la direction régionale de la gendarmerie que nous alertions sur l’appellation inconsidérée du terme « camps de gitans ou de tsiganes » pour caractériser les résultats de leurs enquêtes.
On peut multiplier la liste des obstacles législatifs et réglementaires auxquels sont confrontés quotidiennement les gens du voyage : Inégalités d’accès à l’éducation, au droit de vote, à l’habitat, à l’emploi. A chaque instant, ils doivent tenter de justifier leur appartenance à la Nation en l’absence, la plupart du temps, de carte d’identité. Les lois sensées leur être favorables comme celle du 5 juillet 2000 qui demande aux communes de participer à l’accueil des personnes dites gens du voyage et dont l’habitat traditionnel est constituées de résidences mobiles apparaissent comme un leurre car inappliquées dans de très nombreuses communes.
Voilà de nombreuses années déjà que les organisations représentatives des Roms,Tsiganes, gens du voyage et les mouvements de défense des droits qui les soutiennent dénoncent en vain une telle situation inégalitaire et revendiquent la fin de ces multiples discriminations et la reconnaissance réelle d’un mode de vie et d’une culture riche et ancestrale qui mérite le respect.
Le Conseil de l’Union Européenne vient de rappeler l’exigence dans chaque pays d’une politique en faveur de Roms : « les Roms au sein de l’Union Européenne et des pays du voisinage, tout en jouissant des mêmes droits et des mêmes devoirs que le reste de la population, constituent dans les faits un groupe défavorisé à plusieurs égards et qui est particulièrement vulnérable à l’exclusion sociale, à la pauvreté et à la discrimination »
Cette contribution au débat sera-t-elle entendue en France par les responsables de tous bords ? C’est ce que nous pouvons souhaiter à l’aube d’une nouvelle année.
Alain FOUREST Marseille le 20 décembre 2008