{{ {{{Les tsiganes face à la crise}}} }}
Voilà déjà quelques mois que nous reviennent des informations alarmantes sur la situation économique des tsiganes et tout particulièrement des voyageurs. Les principaux métiers qui leur permettent de vivre de leur travail sont en effet parmi les plus directement touchés par la récession qui s’installe. Ils ont, pour la plupart, respectant la tradition et leur besoin de liberté, fait le choix de travailleurs non-salariés : Artisans ou commerçants, ils subissent sans délai les conséquences de la baisse du pouvoir d’achat de leurs clientèles. Sur les marchés, la concurrence est rude et les acheteurs se font rares. Pendant ce temps, les charges ne cessent d’augmenter : coût du crédit pour la caravane et les véhicules, prix du gasoil, et du stationnement dans les aires d’accueil lorsqu’elles existent (entre 10 et 15€ par jour au minimum) et, comme pour chacun de nous, augmentation des denrées alimentaires etc…Les préjugés mensongers encore trop répandus (Voleurs, tricheurs et fainéants) ne résistent pas à cette dure réalité. Ils sont de plus en plus nombreux à s’inquiéter pour l’avenir de leur famille et à réduire leur rayon de déplacement en cherchant, souvent en vain, un terrain pour séjourner quelques mois sans trop de frais.
Curieusement, aucune étude sérieuse n’a jamais, à notre connaissance, été réalisée sur les revenus des gens du voyage. On se contente souvent de préjugés ou de slogans : Ils vivent tous du RMI ou de l’API, ils ont des grosses voitures, ils font des fêtes coûteuses etc… Ceux qui les approchent de plus près, font un constat bien différent : Pour quelques familles qui, par le fruit de leur travail, ont encore les moyens de vivre dans un confort relatif, beaucoup d’entre elles ne peuvent « joindre les deux bouts » que grâce à des dépenses réduites au strict nécessaire, à la solidarité familiale et, pour ceux qui le peuvent, aux aides sociales notamment le RMI.
Nous avons la conviction que, si passant outre aux règles hypocrites qui interdisent des enquêtes à caractère supposé ethnique, on pouvait déterminer le revenu des familles tsiganes dites gens du voyage, on ferait apparaître qu’une grande partie d’entre elles sont en dessous du seuil de pauvreté. Les travailleurs sociaux qui sont en contact avec les tsiganes connaissent bien cette réalité humaine. C’est pourquoi, tout en admettant que l’origine des ressources de certains peut être contestées, la plupart n’hésitent pas à accorder à ces familles les aides publiques qui leur permettent de vivre. Sans remettre en cause l’intérêt d’un transfert du RMI vers le RMA, il convient de s’interroger sur les conséquences que pourrait avoir cette nouvelle procédure sur la remise en cause des droits sociaux des voyageurs.
S’ils étaient aussi riches qu’on le dit, comment expliquer que, dans la région, ils soient si nombreux à vivre dans des conditions d’habitat précaire et parfois considéré comme « indigne », sans accès aux services minima de l’eau et de l’électricité ? Nous considérons que beaucoup de ces familles relèvent de la loi sur le droit au logement opposable (dite loi DALO). Encore faut-il qu’elles puissent le faire valoir. Dans la remise à jour des plans départementaux pour le logement des personnes défavorisées, Il faut prendre en compte les besoins particuliers de ce public jusqu’ici largement oublié.
Crise économique, crise sociale, chacun, à juste titre, s’inquiète et se sens quelque peu en danger. Les tsiganes eux aussi et sans doute plus encore que d’autres risquent d’être les victimes des errements d’un système économique devenu incontrôlable.
Marseille le 15/11/2008
Alain FOUREST