Manifestation des Roms à Bruxelles

{{ {{{Au sommet européen sur les Roms, M. Barrot condamne le fichage ethnique}}} }}

LE MONDE | 17.09.08 |

BRUXELLES ENVOYÉE SPÉCIALE

« Against ethnic profiling ». C’est derrière ce slogan dénonçant le fichage ethnique, que les Roms se sont levés, aux quatre coins de la salle, où se tenait, mardi 16 septembre à Bruxelles, le premier sommet sur les Roms organisé par la Commission européenne, pour préparer une « stratégie globale » d’intégration des Roms en Europe.

Le président de la Commission, José Manuel Barroso, qui devait ouvrir le sommet en proposant la « création d’une plate-forme pour l’intégration des Roms », a interrompu son discours pour répondre à tous les tee-shirts tendus devant lui : « La Commission rejette toute discrimination et toute stigmatisation des Roms dans l’Union européenne » a-t-il dit, croyant clore l’incident.

A la suite des opérations de prise d’empreintes digitales des adultes et des enfants menées dans les camps roms en Italie début juillet, la Commission avait exigé du gouvernement Berlusconi un rapport, sur la foi duquel le vice-président de la Commission et commissaire aux affaires intérieures, Jacques Barrot, avait jugé, début septembre, que les principes de non-discrimination n’avaient pas été violés.

Depuis, la colère grondait parmi les Roms, qui pour autant ne voulaient pas gâcher la fête que représentait ce premier sommet, où ils étaient invités non plus comme victimes, mais comme acteurs de l’élaboration d’une stratégie européenne d’intégration. « Cette salle réunit tout ce que les Roms comptent de chefs », s’est réjoui l’ancien eurodéputé espagnol Juan de Dios Ramirez Heredia. Sans se faire d’illusion sur leur espoir d’obtenir une directive-cadre pour l’intégration, ils étaient venus nombreux.

« MAUDIT PAR LES GITANS »

Et ils ont applaudi souvent : le milliardaire George Soros, qui a dénoncé « l’exclusion sociale pour des raisons ethniques au sein de l’UE » ; Nicolae Gheorghe, représentant des Roms auprès de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui a appelé l’Union européenne à combattre l’exploitation des enfants et les réseaux de trafiquants ; M. Heredia, qui a loué la culture gitane. Mais ils sont sortis quand l’Italienne Eugenia Maria Roccella, sous-secrétaire d’Etat à l’emploi, a justifié « l’importance fondamentale de collecte des données pour mener des mesures efficaces d’intégration ». « C’est une honte. Expulsata! » De toute la salle, des Roms sont sortis, pour revenir siffler la représentante italienne jusqu’à ce qu’elle se taise.

En fin de journée, M. Barrot s’est expliqué sur ses récentes déclarations : « Nous avons fait savoir au gouvernement italien que les recensements ne peuvent pas se faire sur une base ethnique. Il s’est engagé à suivre nos recommandations. Il y a les textes et la réalité. Nous avons vu les textes, ils sont convenables. Des parlementaires iront sur place. Et je ne tolérerai aucune pratique incompatible avec le droit communautaire. J’en fais une affaire personnelle », a-t-il déclaré.

L’eurodéputé rom Viktoria Mohacsi, membre de la délégation parlementaire qui doit se rendre dans les camps roms d’Italie, jeudi 18 septembre, a voulu voir quelque espoir dans cette mise au point. M. Heredia s’est dit « convaincu », avant de menacer M. Barrot d’ »être maudit par tous les gitans » s’il ne tenait pas ses engagements. Quant à M. Soros, il a souhaité que « la Cour de justice se saisisse de l’affaire des empreintes pour déclarer [le fichage] illégal »


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