Roms migrants et tsiganes français : quel dialogue possible ?

25 mars 2008

{{INTÉGRATION QUARANTE RESPONSABLES D’EUROPE DU SUD ET DE L’EST EN VISITE EN FRANCE}}

{{Les associations d’aide aux Roms en Europe partagent leurs expériences}}

QUARANTE responsables d’associations d’aide aux Roms venues de pays du sud et de l’est de l’Union européenne ont traversé la France, du 27 février au 18 mars, pour partager leurs expériences. La politique d’intégration des 7 millions de Roms de l’UE, qui doit faire l’objet d’une communication de la Commission de Bruxelles en juin, est soutenue par des rencontres régulières entre les associations françaises et roumaines.

Les contacts ne sont pas toujours fructueux car les problématiques divergent. En France, les Roms installés dans le pays depuis plusieurs années et devenus français n’ont pas grand-chose à voir avec les Roms migrants (roumains, bulgares, voire hongrois) qui se déplacent généralement avec un statut de touriste. Les campements sont séparés.

Les gens du voyage français font tout pour se démarquer des Roms migrants.  » L’amalgame nous porte toujours préjudice « , indique Christophe Sauvé, de l’Association nationale des gens du voyage catholiques, à Nantes.

En Roumanie, les Roms ont un statut de minorité ethnique, reconnue comme un groupe en mal d’intégration (éducation, travail, représentation politique).  » Cela permet à la fois de mieux les identifier et de mieux les défendre « , indique Nicoleta Bitu, coordonnatrice de projet de l’association Romani Criss.

RÉUNIS PAR LA DISCRIMINATION

Venue fin novembre avec cinq médiatrices sanitaires roumaines, Mme Bitu avait constaté une grande différence d’approche :  » En France, les associations sont restées militantes. Elles travaillent essentiellement à informer les communautés de leurs droits, pour se protéger des expulsions. En Roumanie, on travaille surtout à faire tomber les préjugés des non-Roms et les appréhensions des Roms. Notre mission est de remplir les objectifs de la politique nationale d’intégration.  »

La seule chose qui les réunisse est la discrimination. Mais, que ce soit dans le secteur de la santé ou de l’éducation, les problèmes d’intégration qu’ils tentent de résoudre ne sont pas les mêmes.  » Les difficultés des gens du voyage sont liées au nomadisme, alors que les deux millions de Roms roumains sont sédentarisés de longue date et le plus souvent confrontés à des conflits ethniques « , explique Virgil Ciomos, président de la fondation Le Collège européen, qui développe depuis 2001 une école de la deuxième chance pour les Roms à Cluj (Roumanie).

Quant aux Roms migrants en France,  » les municipalités estiment souvent qu’ils n’ont pas légitimité à rester sur le territoire national et donc à s’intégrer. Leurs enfants sont très rarement scolarisés, contrairement à ceux des gens du voyage ou des Roms installés de longue date « , explique Stéphane Lévêque, directeur de l’Association pour l’accueil des voyageurs (ASAV), à Nanterre.

 » Le plus difficile à résoudre en Roumanie est le problème de la loi « , estime M. Ciomos. Confrontés à l’exclusion durant toute leur histoire, les Roms respectent leur droit coutumier mais pas toujours le droit national. Dernier exemple en date, le 15 février, la cérémonie de mariage entre une fillette de 6 ans et un adolescent de 17 ans à Ramnicelu (est du pays). Ce type de fiançailles est toléré par la police roumaine qui craint que toute intervention ne se termine en bain de sang.

 » Je n’ai jamais eu vent de cas similaire en France « , assure, de son côté, M. Lévêque.  » Nous n’avons pas de plaintes pour mariage arrangé de la part des Roms, assure-t-on à la brigade de la protection des mineurs à Paris. En revanche, on rencontre parfois des jeunes adolescentes déjà « mariées ».  »

Anne Rodier
Le MONDE


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