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Depuis quelques semaines, la presse française mais aussi en européenne, relate les incidents et faits divers dus à la présence de groupes de Rroms-Tsiganes venant pour la plupart des pays de l’Est et des Balkans. D’une manière générale, ces familles, largement rejetées dans leur pays d’origine, ne sont pas bien accueillies à l’Ouest où elles viennent chercher refuge et des conditions de vie plus acceptable. Les préjugés et les craintes ancestrales ressurgissent et les pouvoirs publics de chaque Etat n’hésitent pas à brandir la menace de l’invasion comme en Italie ou à remplir des charters de retour au mépris de la législation européenne comme en France. Ce peuple de proscrits sert alors de bouc émissaire pour camoufler les carences des gouvernements incapables de maîtriser l’aggravation de la pauvreté, des exclusions et du racisme.
Cette hostilité envers ces nouveaux « entrants européens » se conjugue par un douteux amalgame avec la discrimination dont sont l’objet, en France, les familles tsiganes françaises présentes sur notre territoire depuis de nombreuses générations. Elles revendiquent souvent en vain, leur nationalité et les droits qui y sont attachés sans pour autant renoncer à leur histoire, leur culture et leur mode de vie.
Devant les dangers que représentent pour la construction européenne la montée d’un tel ostracisme vis-à-vis d’une communauté multiple et diverse qui regroupe près de sept millions de personnes, les diverses instances européennes n’ont de cesse d’alerter les gouvernements. Il leurs est vivement recommandé de mettre en place des mesures pour lutter contre toute forme de discrimination et d’assurer à ces nouveaux Européens un accueil digne de pays civilisés.
Force est de constater que, pour l’instant, ces recommandations sont restées lettre morte. En France, les expulsions se multiplient au mépris du droit. Sous l’appellation hypocrite de « retours humanitaires » des centaines de familles sont contraintes de rentrer dans un pays qui les a rejetées. D’autres, comme à Marseille, lundi dernier, sont tout simplement mises à la rue dans des conditions particulièrement inhumaines.
Ce défi européen inscrit dans la chartre des droits fondamentaux approuvée à Lisbonne est, à n’en pas douter, un test de notre capacité collective à vivre ensemble avec nos différences. Il ne faudrait laisser le champ libre à ceux qui, aujourd’hui à nouveau, par leur propos et leurs actes, rappellent les vieux démons du racisme qui ont conduit plus de 500 0000 tsiganes dans les camps nazis.
Alain FOUREST Marseille 20/12/2007