{{A Rome, la chasse aux Rroms Tsiganes est ouverte : le retour de la peste brune ?}}
Un évènement dramatique survenu il y a quelques jours à Rome a jeté une lumière crue sur la manière dont est perçu dans l’ensemble des pays européens le peuple des Rroms Tsiganes. Une jeune femme a en effet été tuée dans une rue de Rome par un jeune roumain-rrom. Devant l’émotion suscitée par ce drame, le gouvernement a pris en urgence des mesures d’éloignement d’un certain nombre de Roumains en s’appuyant sur une directive européenne déjà mise en application en France. Par-delà cette décision précipitée et juridiquement contestable, c’est une partie du personnel politique (la fille de MUSSOLINI en particulier) et de la presse italienne qui ont retrouvé des accents que l’on croyait oubliés. L’assimilation des Roumains aux rroms d’une part et la stigmatisation de tout un groupe ethnique comme responsables de tous les crimes et délits commis dans le pays rappellent les pires moments de notre histoire. Dans un premier temps, les réactions de l’Union Européenne ont semblé donner raison au Gouvernement de Monsieur PRODI en justifiant des mesures de « retour forcé ». C’est d’ailleurs à l’appui d’une directive de la commission européenne que le gouvernement français organise des retours forcés en Roumanie et en Bulgarie depuis plusieurs années déjà. Le rappel à l’ordre du gouvernement italien par la commission européenne que l’on pourra lire en annexe est suffisamment hypocrite pour permettre à tous les Etats de justifier l’injustifiable en organisant une discrimination et une stigmatisation des Rroms Tsiganes en raison de leur l’origine.
En France, les médias se font fréquemment l’écho des conditions de vie des Rroms originaires des pays de l’Est, des méfaits dont ils sont souvent accusés et des mesures d’éloignement musclé des autorités. À ce jour cependant, les journalistes ont, dans leur ensemble, évité de jeter de l’huile sur le feu et tentent, parfois maladroitement, d’informer l’opinion sans tomber dans la caricature facile. Thomas Férenczi, journaliste au « Monde », a même tenté de rappeler que ces Rroms sont aussi, pour une partie d’entre eux, des citoyens européens et que : « La situation des Rroms – plus connus en France sous le nom de Tsiganes, de Gitans, de Manouches ou encore de Bohémiens – est devenue un sujet de préoccupation pour l’Europe tout entière »
Cet article au demeurant très nuancé a, sur le net, entraîné des réactions de nombreux lecteurs dont la seule lecture fait froid dans le dos. Non seulement reviennent tous les poncifs éculés sur les multiples tares attribuées à ce peuple et sur le danger qu’il représente mais, une fois de plus, par un inquiétant raccourci, en référence à la phrase du journaliste, les lecteurs ne font pas dans la nuance et considèrent tous les Tsiganes, quelle que soit leur nationalité ou leur statut, comme affublés des mêmes vices.
Dans un autre registre, il est très inquiétant d’avoir dû attendre la décision du Conseil Constitutionnel pour remettre en cause l’utilisation de statistiques ethniques prévues par la dernière loi Hortefeux sur l’immigration. On imagine en effet les dérives que pourraient entraîner de telles enquêtes sur la communauté tsigane.
Devant de telles menaces, il est plus que jamais urgent d’agir. Il convient sans cesse d’informer et de débattre pour ne pas laisser libre cours aux préjugés les plus éculés et aux comportements les plus xénophobes. L’association Rencontres Tsiganes poursuivra, pour sa part, malgré l’adversité, la mission qu’elle s’est donnée depuis 5 ans.
20/11/2007, Alain FOUREST