LES TSIGANES : RICHES OU PAUVRES ?

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Mercredi 17 octobre : journée mondiale de lutte contre la misère : beaucoup d’émotion et de beaux discours en France et ailleurs. Chez nous, sept millions de pauvres ; et les Tsiganes ? de quel côté sont-ils ? Interrogez autour de vous, vos voisins, vos amis, les élus, les fonctionnaires, lisez la presse. Les réponses, au mieux, sont nuancées, mais le plus souvent, les Tsiganes, qu’ils voyagent ou pas, ne sont pas classés parmi les pauvres. Bien mieux, on les prend pour des riches. La preuve : voyez leurs grosses voitures, leurs caravanes parfois luxueuses qui un jour ont fait envie à un ex-Préfet. Et d’ailleurs, de quoi vivent-ils ? Quelles sont leurs ressources ? C’est la question qui nous est le plus souvent posée avec un soupçon de doute, sinon une certitude. Travail au noir, vol, trafic en tout genre et bien sûr fraudeurs aux impôts, aux aides sociales (voyez leur ribambelle d’enfants), au RMI, etc.

Ce tableau caricatural n’est hélas pas nouveau et représente la somme des préjugés et des affirmations qui, depuis des siècles, collent à la peau des Tsiganes et autres Gitans et dont ils tentent avec peine de se défaire. Pour ceux qui les côtoient régulièrement, la vérité est tout autre. Les différentes communautés tsiganes sont diverses et fort heureusement tous ne font pas partie de la triste cohorte des pauvres. Comme chacun de nous, beaucoup vivent heureusement du fruit de leur travail. Et ils travaillent dur. Les différents métiers qu’ils pratiquent, et en particulier les commerçants, ne permettent pas le farniente. Quelques-uns gagnent bien leur vie et le montrent, mais c’est l’exception. Mais, au fait, reproche-t-on à un commerçant de s’enrichir ? Quant « aux grosses voitures et aux caravanes », c’est pour eux leur seul bien et leur seul habitat. À qui reproche-t-on sa maison et son jardin ou son 4X4 ? Pourquoi les voyageurs n’auraient-ils pas droit à un peu de confort, une télévision et même pourquoi pas une machine à laver ? Bien sûr, pour tirer une caravane et une remorque une petite twingo ne fera pas l’affaire et pour les commerçants forains ou les artisans une camionnette est un outil de travail. Alors, s’il vous plait, attention aux apparences parfois trompeuses.

Au-delà de ces apparences, tout ceux qui sont en relation avec ces familles peuvent témoigner d’une autre réalité plus proche de la vérité. Beaucoup, parmi les voyageurs ont du mal à joindre les deux bouts. Les ressources sont aléatoires, les frais de déplacement et le prix du gasoil de plus en plus élevés, les contraintes administratives plus lourdes, les contrôles plus fréquents. Quant aux aides sociales, elles ne sont accordées qu’avec parcimonie : pas d’allocation logement ou de prêt à l’accession pour la caravane, pas de droit au chômage, etc.

De plus en plus nombreux, ils sont contraints de s’arrêter et c’est souvent le début de la galère et parfois de la vraie misère. Oui, parmi les Tsiganes voyageurs mais surtout sédentaires la pauvreté s’aggrave, comme nous le constatons chaque jour. Oui, il y a des Tsiganes fraudeurs mais sûrement pas plus que dans l’ensemble de la population et probablement moins car ils sont, plus que d’autres, sous l’œil vigilant des divers inspecteurs, des policiers et des gendarmes. Alors, un peu de clairvoyance et ne nous laissons pas tromper par une apparente richesse qui cache trop souvent une insécurité et une détresse matérielle qui ne veut pas dire son nom.

Marseille le 20/10/2007
Alain FOUREST


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