LE TEMPS DES PELERINAGES

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Comme chaque année, en cette fin du mois d’août, les tsiganes gens du voyage se rassemblent en grand nombre autour de leurs pasteurs pour manifester leur croyance en un monde meilleur. Pour les protestants évangélistes, ce rassemblement de plusieurs milliers de caravanes pose des problèmes logistiques aux autorités et soulève l’inquiétude et parfois même le rejet des populations voisines. Pour les catholiques, le pèlerinage annuel à Lourdes, même s’il n’attire pas une foule aussi nombreuse, est cependant le témoignage d’une dévotion toujours vivante. Catholiques ou protestantes, ces deux manifestations religieuses de la fin de l’été, ne sont que le point d’orgue de nombreux autres rassemblements plus modestes tout au long de l’année. Les Saintes Maries de la Mer ou encore Paray le Monial font partie aussi des lieux emblématiques pour les catholiques. Les évangélistes se retrouvent régulièrement autour de leurs « serviteurs » à travers le territoire dans « des conventions » regroupant parfois plusieurs centaines de familles. (On lira avec intérêt l’interview Marc Bordigoni au sujet des évangélistes )

Ces expressions publiques et parfois ostentatoires de pratiques religieuses traditionnelles ou plus « modernes » contrastent avec la discrétion habituelle des tsiganes. Au-delà de la pratique religieuse, c’est aussi une occasion de montrer à l’opinion publique que la culture et le mode de vie dont les tsiganes sont porteurs, restent bien vivants et qu’il faudra encore compter avec une population qui refuse de disparaître malgré les multiples pressions dont elle est l’objet. Sans sous-estimer l’importance de la motivation religieuse de ces rassemblements, c’est aussi pour les voyageurs, l’occasion de retrouver les membres de la famille élargie, de faire circuler l’information et bien sûr de faire la fête. Ces grands rassemblements annuels sont aussi une occasion pour les médias de produire quelques images colorées sinon folkloriques et, hélas, pour certains, d’attiser les craintes des sédentaires par une information tronquée et partisane.

On rappellera que ces pratiques religieuses bien vivantes ne sont pas une exclusivité des tsiganes. On a pu le constater dernièrement à l’occasion de dramatiques accidents de car, les Polonais sont des pèlerins fervents. Quant aux chemins de Saint Jacques de Compostelle , ils sont fréquentés tout au long de l’année par des marcheurs souvent très motivés.

Ces formes d’expression publique de croyances diverses sont une marque de la liberté religieuse fixée par la Constitution et confirmée par la loi de 1905. Il faut en garantir la pratique. La loi du 5 juillet 2000 l’a reconnu en confiant à l’Etat la responsabilité de l’organisation des « grands rassemblements ». et la mise en place d’aire de grands passages. Toutefois il faut rappeler que la laïcité est une des principes qui fondent notre vie en commune et que pour les tsiganes comme pour tous citoyens, l’appartenance à une religion ne saurait être un facteur de reconnaissance et encore moins de droits spécifiques. Il paraît ainsi inquiétant que les gouvernements successifs privilégient par facilité le dialogue et les négociations avec des organisations ouvertement confessionnelles. Il y a aussi des tsiganes non-croyants ou au moins non pratiquants et ils ont les mêmes droits que tous citoyens à être représentés dans les diverses instances.
Marseille le 17août 2007
Alain FOUREST .


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