SOMMES NOUS TOUS DES SCHIZOPHRENES ?

{{Sommes-nous tous un peu schizophrènes ?}}

C’est ce qui vient à l’esprit en étant attentif à l’actualité et dont on retrouvera la trace dans les diverses informations glanées dans les dernières semaines.

D’un côté, la culture tsigane sous ces diverses formes ne cesse d’être à l’honneur : la musique fait l’unanimité pas seulement chez les jeunes ; pas un festival de l’été qui n’invite son groupe de jazz-manouche ou de groupes Rroms Tsiganes venus de l’Est ou d’ailleurs ; c’est aussi le cinéma avec Tony Gatliff et quelques autres et bien sûr la danse et le flamenco qui attirent les afficionados en grand nombre . Cet engouement n’est certes pas nouveau, mais il semble aller en s’amplifiant comme si, à travers ces sons et ces images venus de loin et miraculeusement préservés, chacun de nous était à la recherche d’un monde oublié ou peut-être d’un dépaysement et d’une vie plus libre symbolisée par le peuple idéalisé des « tsiganes nomades » .

De l’autre, illusions, incompréhensions et parfois rancœur, c’est le sentiment de ceux qui sont, aujourd’hui encore, porteurs de cette culture et de ce mode de vie qu’ils s’efforcent de préserver contre toutes les discriminations les haines et parfois même les bonnes intentions.

Notre société de « gadgé » sédentaires se montre en effet de plus en plus hostile envers ces « nomades », bohémiens d’un autre âge. Avec une efficacité certaine, elle les conduit à disparaître ou à se marginaliser. Les aventures du groupe de musique relatées avec un humour noir par le journaliste du Monde ne sont qu’un exemple parmi beaucoup d’autres. On aura noté également que le nouveau gouvernement « qui tient ses promesses » fait diligence pendant l’été pour publier décrets et circulaires réduisant davantage encore la liberté d’aller et de venir des tsiganes qu’ils soient français ou étrangers.

Il faut sortir de cette hypocrisie et, sans remettre en cause nos « valeurs républicaines » et notre sécurité admettre que, si une culture doit être préservée, ceux qui en sont les premiers porteurs doivent trouver les moyens d’en vivre dignement et sans autres contraintes que le respect réciproque.

Informer, débattre, lutter pour le respect de droits, c’est pour longtemps encore le combat auquel nous nous sommes attachés et qui doit nous rassembler plus nombreux encore.

Alain FOUREST


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