DOSTA : Une porte ouverte sur l’indignation

Une porte ouverte sur l’indignation

Cette photo et bien d’autres seront affichées sur les murs des villes qui excluent le peuple rom. ROBERT TERZIAN

Dosta ! Des portraits géants sur les murs d’une ville qui exclut les Roms.

Un homme, une femme, un enfant, un vieux. L’important c’est d’être deux. Deux pour poser devant une porte cochère. Un Rom et un gadjo (un non rom) soutiennent une pancarte où est écrit Dosta, ce qui veut dire en langue romani : « ça suffit ».
Cet accouplement insolite et éphémère est saisi sur le vif par la photographe Noémie Michel qui, avec l’éditeur Tieri Briet, originaire d’Arles, a eu l’idée de monter le projet Dosta, pour montrer comment on peut riposter à l’indignation. Les photos de la taille des personnages seront tirées à plusieurs exemplaires pour être affichées dans les rues de Marseille et d’autres villes encore, avant d’être proposées à la vente dans des expositions ou des festivals. Le prochain Latcho Divano qui se déroulera au mois de mars/avril à Marseille donnera à voir ces images insolites. Portraits d’hommes et de femmes qui veulent au-delà de leur différence exprimer leur solidarité.
C’est dans le quartier de la Plaine que les auteurs sont partis avec leurs modèles à le recherche de belles portes pour figer sur la pellicule leurs couples insolites. « Une porte c’est ouvert ou c’est fermé », explique Tieri Briet, libre ensuite d’interpréter comme bon nous semble. Une porte s’ouvre pour laisser entrer l’autre. Les Roms n’ont jamais eu de portes. Les gadjos s’enferment à double tour. Faut-il y voir un autre symbole : une porte ouverte sur l’indignation. « Qu’est ce que l’on peut faire », interroge Tieri Briet qui s’intéresse à la cause des Roms depuis leur terrible histoire du mémorial de Saliers près d’Arles, où ils étaient internés durant la Seconde Guerre mondiale.
Ce peuple qui a souffert est aussi un modèle de vie et de société. Il représente une alternative dans une société en crise. « Ce sont des Européens exemplaires. Pourtant aujourd’hui ils vivent un calvaire », accuse Tieri Briet.
L’idée de faire se rapprocher deux cultures était un pari osé. Anne, décoratrice habitant à Auriol, est venue « s’accoupler » avec Gigi d’Arles. Pour elle, c’était l’occasion d’exprimer sa révolte par rapport à tout ce qu’elle a entendu depuis l’été : ne plus accepter chez nous ceux qui pouvaient être différents. « J’aime la différence, je ne cherche pas à m’entourer de gens qui me ressemblent. »
Dans une ville où règne l’indifférence, Anne a apporté sa pierre à l’édifice. « Je n’ai pas grand chose d’autre à apporter que mon soutien », dira-t-elle avec modestie, après avoir accompli une grande œuvre.
CATHERINE WALGENWITZ
Humanitarium des vivants sur les murs, 11, rue Jean-Racine à Arles. projet.dosta@gmail.comCet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir

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