les schémas départementaux d’accueil en panne !!!

Les aires d’accueil des voyageurs dans la région

 

Dans les six départements de la région, les schémas départementaux qui définissent les conditions d’accueil des gens du voyage doivent être révisés en application de la loi du 5 juillet 2000 et d’une directive du ministère de l’intérieur en date du 28 août dernier. La première étape de bilan a été engagée dans les départements et Rencontres Tsiganes a devancé l’appel en publiant un rapport d’évaluation en mai dernier à Arles. Le constat général est affligeant, mais les travaux en cours ne laissent pas espérer d’évolutions significatives.

 

L’exemple des Bouches-du-Rhône est caricatural. A la suite d’un diagnostic largement critique réalisé par un bureau d’étude en 2008 et après plus de deux ans de silence total ; une réunion dite d’information présidée par le Préfet a rassemblé le 27 janvier dernier les maires des communes concernées par la réalisation d’une aire d’accueil. A la surprise de beaucoup, nous n’étions pas conviés à cette réunion pas plus que les membres non élus de la commission départementale. Le Préfet de Région, tout en reconnaissant le retard accumulé dans la réalisation du précédent schéma, a prétendu que le nouveau schéma serait plus conforme aux vœux des élus en comprenant moins de places de stationnement. Il devrait être validé en avril prochain. Personne ne croit plus à de telles promesses et les maires encore moins. Le « nouveau schéma » proposé est en tout point similaire au précédent et ne prend aucunement en compte les erreurs du précédent et les remarques et propositions que nous avons faites. Sans préjuger des orientations dans les autres départements, il est à craindre que le comportement des élus et des services de l’Etat n’ait guère évolué.
 
Pendant ce temps, la justice poursuit son cours et les expulsions de voyageurs continuent à la demande des maires des communes qui ne respectent pas leurs obligations. A Marseille, une trentaine de familles a été mises à la rue le 3 janvier dernier. Après une manifestation devant la mairie et une demande d’entretien ave Monsieur Gaudin aucune proposition n’a été faite. A Gignac, une famille de voyageurs propriétaire de son terrain en est chassée avec une astreinte de 50 € par jour de retard. A Marignane, un groupe a eu plus de chance : un hasard !!! le juge a reconnu les tords de la mairie et autorisé le stationnent pour quelques jours ….
 
A Marseille Mazargues un autre juge a lui décidé d’expulser sur le champ quarante familles présentes sur le site depuis parfois plus de quarante ans. Un appel est en cours et laisse un peu d’espoir !!
 
 
 
 
 
 

Gens du voyage : nouveau départ ou méthode Coué ?

 
Par Julien VINZENT le 27 janvier 2011
 
11 ans après la loi Besson, « il faut dire les choses telles qu’elle sont, c’est un échec évident ». Le constat est du préfet des Bouches-du-Rhône Hugues Parant, à propos du schéma de création d’aires d’accueil pour les gens du voyage prévu par la loi, signé en 2002 mais resté sans effet et qui aurait déjà dû être mis à jour en 2008.
 
Nouveau schéma pour avril
 
Il a rappelé « l’urgence dans laquelle a été élaboré ce schéma », « l’absence de contact avec les maires et les organisations représentatives des gens du voyage »… Mais au sortir d’une réunion avec les maires du département, il promet pour avril une nouvelle version prévoyant 950 à 1000 places réparties sur 33 aires, contre 5 aujourd’hui, et 3 aires de grand passage, « une par arrondissement », quand aucune n’existe à ce jour.
 
Pour repartir dans le même immobilisme ? « On n’est plus du tout dans cet état d’esprit », assure-t-il. « Je mesure en deux ans la différence de réactions des élus. Quand on a commencé ce travail de révision, l’attitude était d’expliquer pourquoi il ne pourraient pas faire d’aire. Pas un seul maire n’a tenu ce discours aujourd’hui », confirme Roger Reuter, sous-préfet d’Istres, qui est chargé de suivre le dossier.
 
Citoyens avant tout
 
Par quel miracle ? « L’état de la société a changé », répond Hugues Parant, pour qui les gens sont maintenant conscients « qu’il n’est pas question d’interdire aux gens du voyage, qui sont pour la plupart du temps nos concitoyens, et qui ont été regroupés un peu rapidement sous ce vocable qui recoupe des réalités très différentes, de circuler ». On est loin de la chasse aux camps de Roms lancée par son patron l’été dernier après un incident impliquant une communauté de gens du voyage…
 
Le représentant de l’Etat défend même les Tsiganes face aux attaques faciles : « quand on dit que l’aire est dégradée après leur passage, c’est qu’il n’y a pas eu de gestion ». Et Jean-Pierre Maggi, vice-président du conseil général, co-signataire du schéma, de rappeler « qu’on ne construit pas une aire pour après s’en désintéresser. Nous conseillons de les faire gérer par des associations qui en ont l’habitude. Il y a quand même un suivi social à faire, avec la CAF. A Miramas, c’est normalisé, cela fonctionne très bien, il faut que les gens soient rassurés. »
 
Et s’il ne s’attend pas à une application fulgurante, Hugues Parant « qu’on n’est pas en train de construire un geste architectural de grande ampleur. Ce ne sont pas des investissements majeurs. » Avant d’indiquer qu’il a « demandé aux services de l’Etat d’aider les maires ».
 
« Plus personne n’y croit »
 
On imagine les bonds de joie dans les caravanes… « Vous ne trouverez plus personne qui croit encore dans cette loi », avertit Alain Fourest, président de Rencontres Tsiganes, qui ajoute « si je me trompe et que dans deux ans on a 300 places, tant mieux… » Mais la méthode même le rend sceptique : « La procédure normale est de réunir la commission consultative dont nous sommes membres. Et on apprend aujourd’hui que le préfet a cru bon de réunir les maires sans les associations ! Nous n’avons reçu le document qu’en octobre dernier, après l’avoir réclamé à de nombreuses reprises. »
 
Sur le fond, « nous avons fait une analyse très critique du projet de schéma, car il n’y a pratiquement aucune avancée. Et on n’a absolument pas tenu compte de nos observations… » Il considère d’ailleurs que les enseignements d’un rapport« tout à fait intéressant » du conseil général du développement durable n’ont pas non plus été tirés.
 
On continue d’expulser
 
Quant à un supposé changement d’attitude, il cite une plainte contre la mairie de Lançon, qui a autorisé un branchement électrique d’une famille sédentarisée, déposée par un voisin, ou encore l’expulsion d’une trentaine de familles demandée la semaine dernière par le maire de Gignac… Et ce n’est pas le récent déménagement forcé de Saint-Loup (11e arrondissement de Marseille) qui le contredira.
 
Pourtant Michel Bourgat, adjoint au maire de Marseille chargé du dossier, a récemment revu le discours de la ville en admettant qu’elle n’était pas dans les clous et en promettant une aire commune avec Allauch et Plan-de-Cuques… Ces dernières « ont toutes les deux l’obligations de faire une aire ! », s’exclame-t-il.
 
Une illustration de l’approximation concernant ces alliances de communes pour faire des aires. « La logique serait que cela se fasse dans le cadre des regroupements déjà existant. Par exemple Marseille Provence Métropole (MPM), comme cela se fait dans toutes les autres communautés urbaine de France. » Un dossier qui n’est pas à l’ordre du jour. Et les aires de grand passage ? « Une par arrondissement cela ne correspond à rien du tout. On ne les localise pas, on ne dit pas pourquoi on les fait, qui va les faire. C’est le flou artistique le plus absolu. »
 
Adapter les réponses
 
Autre point : l’importance de la sédentarisation. Bien qu’Hugues Parant l’ait évoquée comme « une des clés » lors de la conférence de presse, Alain Fourest note qu’aucun terrain familial n’est prévu dans le futur schéma. « Il y a plus de 400 lieux dans les Bouches-du-Rhône où des gens sont sédentarisés ! »
 
De manière générale, « la durée de séjour nous paraît fondamentale », précise-t-il. « Dans les aires officielles, on ne peut rester que 2 mois. Quelle relation faire avec la scolarisation obligatoire et maintenant le fait de supprimer les allocations familiales ? » Bref, il faut selon lui poser de manière globale la « problématique de l’habitat » et non additionner des places en aire d’accueil. Conclusion : « nous allons regarder de manière très attentive ce schéma car il y a beaucoup de point juridiques qui ne sont pas clairs. »
 
 
 
 
 

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