Le 17 décembre dernier, les occupants roms d’un squat à Lyon sont évacués par les forces de l’ordre et jetées à la rue, sous la neige et la bienveillance des matraques.
Ce fait d’hiver étant légitimé par la loi Loppsi 2 qui est en train d’être adoptée par l’assemblée nationale.
Une loi, qui entre autres réjouissances, interdit l’habitat « précaire » (le vocabulaire est choisi…); à savoir tentes, yourtes, caravanes, fourgons…tout contrevenant sera verbalisé, de même que la municipalité qui omettrait de le dénoncer à la préfecture, qui pourra ensuite décider de la destruction de l’habitat.
Je repense aux sondages d’opinions qui élisaient régulièrement l’abbé Pierre personnalité préferée des français…belle brochette de faux-culs!
Cette loi va fragiliser les plus démunis, entre autres ce peuple multiple et complexe que l’administration nomme « gens du voyage ».
Il est facile de s’acharner sur un peuple qui sort de près de 500 ans d’esclavage, d’un holocauste, et soumis au rejet de la plupart des pays où il échoue…
Mais la loi Loppsi ne vise pas seulement cette partie de la population française; et ça en fait du monde entre ceux qui n’ont d’autre choix qu’un bout de toile pour se protèger du froid et ceux qui ont fait le choix d’une vie « alternative », souvent lié au désir d’une vie plus proche et respectueuse de la Nature; et oser dire que c’est au nom de la « salubrité » publique que l’on veut nous priver de la liberté fondamentale de choisir son mode de vie…
Je me souviens d’une discussion dans les couloirs de la mairie de mon secteur;
un élu s’indignait de l’odeur et de la saleté générées par un camp de Sintés installé à côté.
Je suis allé voir moi même pour vérifier; non seulement j’y ai été trés bien accueilli mais le camp était d’une propreté irréprochable; la rumeur est facile à lancer, prompte à enfler, et si en plus la loi légitimise la haine ordinaire…
Où en sommes-nous arrivés?
La vie est immense, suffisamment pour être partagée entre tous, et nous nous acharnons à la cloisonner, à la flétrir, à en exclure l’autre, pour préserver quoi, pour nous protéger de qui?
Je suis chrétien et l’on m’a assez souvent rabattu les oreilles avec le petit Jésus pour savoir qu’il aurait été le premier à prendre la défense de ces gens en marge, souvent pauvres, sur lesquels nous n’en finissons pas de cracher, dans la puanteur de nos conforts matériels et intellectuels.
Mon grand-père Louis rappelait que le plus grand danger pour un pays est de devenir un état policier, parce que face à la répression policière, textes de loi et matraques à la clé, peu importe la justice, t’as plus qu’à la fermer.
Loppsi 2…je n’en ai même pas entendu parler dans les médias; c’est que tout est mobilisé pour que l’on passe de bonnes fêtes, que le commerce marche, que l’on aie son comptant d’idées-cadeaux et d’idéaux-caddie, et que le monde s’engraisse sans trop se poser de questions.
La seule chose qui me console, c’est d’écouter de temps en temps « Hexagone » de Renaud ou « Killing in the name of » de Rage Against the Machine; avis aux amateurs…
Cette loi est une atteinte grave à des libertés fondamentales pour lesquelles des générations de citoyen(ne)s se sont battues; cette loi insinue désormais que celui qui vit dans son fourgon, sa caravane, par choix ou par faute de mieux, est un délinquant…
La délinquance se trouve au sommet de l’état et si ces marionnettes irresponsables pondent des lois, je prendrai soin désormais de vivre Hors-la-loi.
Louis-Noël Bobey