A marseille, encore une expulsion de voyageurs

COMMUNIQUE
 
 

A Marseille , la trêve des confiseurs n’a pas duré et la chasse aux voyageurs se poursuit.

 
 
Stationnant depuis quelques semaines sur un terrain municipal à Saint Loup, une quarantaine de familles de voyageurs français ont été à nouveau expulsées à la demande de la mairie de Marseille lundi 3 janvier au petit matin. Elles ont alors tenté en vain d’accéder au seul terrain existant à Saint-Menet. Faute de place disponible en ce début d’année, elles sont contraintes de stationner devant l’entrée du terrain dans des conditions précaires sans eau et sans électricité. La mairie de Marseille, comme la Préfecture des Bouches-du-Rhône alertés d’une telle situation et se refusent à toute négociation.
 
On rappellera que depuis 8 ans en application de la loi du 5 juillet 2000 la mairie de Marseille est dans l’obligation d’ouvrir deux terrains d‘accueil de 50 places pour les gens du voyage. A ce jour, et malgré les multiples promesses, seule l’aire de Saint- Menet est aujourd’hui disponible. Dans l’ensemble des Bouches-du-Rhône 165 places sont disponibles alors que le schéma départemental approuvé le 1er mars 2002 en prévoyait 1300. Une telle carence a conduit le Tribunal administratif à condamner à plusieurs reprises l’Etat pour non-respect de la loi.
 
Une fois de plus, Le Maire de Marseille comme le préfet des Bouches-du-Rhône, au mépris de la législation, jettent à la rue des familles dont le seul tort est d’avoir fait le choix d’habiter en caravane. La loi LOPSI2 votée en première instance à l’Assemblée Nationale devrait généraliser ces procédures d’expulsion à toute forme d’habitat jugé précaire.
 
Avec le soutien de la Ligue des Droits de l’Homme et de l’association Rencontres Tsiganes les voyageurs présents à Marseille manifesteront devant la mairie de Marseille vendredi 7 janvier à 10h.
 
Une délégation a demandé a être reçue par le Maire afin d’obtenir en urgence un lieu de stationnement, l’application de la loi et la reconnaissance de leurs droits.
 
 
Tous les citoyens marseillais soucieux du respect de la loi et de l’égalité des droits sont invités à se joindre à cette manifestation de solidarité avec les gens du voyage
 
 
 

La caravane ne passe pas, la municipalité aboie

Publié le 10 janvier 2011
par Anne-Aurélie Morell
Vendredi matin, accompagnée de militants associatifs, une poignée de « Gens du voyage » a manifesté devant la mairie centrale de Marseille. Venue à pieds – les caravanes, interdites, sont restées à proximité du Mémorial de la déportation – la petite colonne de manifestants a rencontré un mur de CRS. Pendant ce temps, à quelques pas, Jean-Claude Gaudin présentait ses vœux au syndicat FO. Il a eu quelques mots à l’attention des « voyageurs » et des maires de communes alentours. Diaporama sonore.
 
Il est un peu plus de dix heures du matin vendredi. Les premiers manifestants arrivent sur le parvis de la mairie. La Ligue des droits de l’Homme, Rencontres Tsiganes, Mille Bâbords… Les « Gens du voyage » ont pris du retard : ils doivent venir à pieds, faute d’avoir obtenu l’autorisation de manifester juchés sur leurs caravanes. « C’est un scandale. Alors que les taxis manifestent et bloquent Marseille avec leurs véhicules, que les agriculteurs manifestent à Paris avec leurs tracteurs, nous n’avons même pas pu faire venir la plus petite caravane », s’insurge Philippe Dieudonné, de la LDH.
 
Généralement, les « voyageurs » représentent une communauté plutôt discrète, peu prompte à se donner en spectacle. Mais la situation actuelle les pousse désormais à agir. Où qu’ils s’installent, leur expulsion leur est signifiée dans les heures qui suivent. Cela a encore été le cas il y a quelques jours, lorsque des « voyageurs » ont été invités à partir d’un terrain à Saint-Loup. Les familles concernées vivent depuis aux abords de l’aire – légale cette fois – de Saint-Menet. « Ceux qui sont hors-la-loi ne sont pas ceux qui sont désignés. Quand les maires et les préfets respecteront la loi Besson, créeront des emplacements, on ne sera plus dans l’illégalité. Ce sont eux les hors-la-loi », dénonce Esmeralda Romanez, présidente de Samudaripen et de l’Association pour la Mémoire de l’Internement et de la Déportation Tsigane.
 
En effet, depuis le vote de la loi du 5 juillet 2000 et l’adoption deux ans plus tard du Schéma départemental d’accueil des Gens du Voyage, les communes de plus de 5 000 habitants sont tenues de mettre un terrain à disposition des « Gens du voyage ». Mauvais élèves, Marseille et les Bouches-du-Rhône présentent un réel retard de mise en œuvre. Ainsi au niveau départemental, au lieu des 1 070 à 1 470 places – auxquelles devraient s’ajouter une aire d’accueil et une de grand passage à Arles – recommandées par le document, seules six aires offrant un peu plus de 200 places sont consacrées à l’accueil des caravanes.
 
Ecoutez et regardez ce diaporama sonore. On y entend les interventions de Roberto, Alain Fourest, Marcel Demestre – l’un des patriarches de la famille -, Esmeralda Romanez, Philippe Dieudonné, David Demestre, Jean-Claude Gaudin, Noé Dessemberg et Gigi.
 
 
 
Repoussée par un cordon de CRS, la trentaine de manifestants s’est retrouvée cantonnée au quai d’honneur, de l’autre côté de la route. Michel Bourgat, adjoint au maire en charge de la Solidarité, propose à une délégation de le rencontrer à 15h. « Vous faites ce que vous voulez, mais nous n’irons pas avec vous, explique Alain Fourest, de Rencontres Tsiganes. Parce que c’est inutile. Le seul a pouvoir faire bouger les choses, c’est Jean-Claude Gaudin. Il est le maire de cette ville, et ses adjoints, au moins celui-là, n’a aucun pouvoir et il nous l’a dit lui-même ». L’adjoint municipal se dira « prêt à se battre » pour l’établissement d’une deuxième aire, après concertation avec les communes voisines.
 
Au même moment et à quelques pas, derrière la rangée de gardes mobiles, Jean-Claude Gaudin accueille les membres du syndicat Force Ouvrière pour leur présenter ses vœux. L’espace Bargemon est plein, les petits fours prêts à être servis. Dans son discours, le maire de Marseille effectue un crochet par la question de l’accueil des « Gens du voyage » :
« Nous avons un terrain conforme à Saint-Menet. Et nous avons même une deuxième aire*, si les personnes qui s’y étaient installées n’y étaient pas restées. Je souhaiterais que les maires de secteurs m’aident d’ailleurs à trouver un terrain. Et peut-être aussi les maires des communes environnantes, en particulier nos adversaires politiques. Parce qu’ils ne respectent pas la loi sur les logements sociaux. Et deuxièmement ils n’ont pas davantage de places d’accueil pour les nomades. Alors avant de nous critiquer, qu’on soit un peu prudent », a déclaré Jean-Claude Gaudin.
 
La Ligue des Droits de l’Homme et Rencontres Tsiganes – qui militent aux côtés des « Gens du voyage » depuis de nombreuses années – s’apprêtent à déposer une plainte contre la municipalité et la préfecture, avec qui ils n’ont plus de contacts.
 
*situé à Mazargues-Eynaud, il offre une quarantaine de places. Et ne peut être pris en compte dans les calculs, ses résidents étant sédentarisés.
 
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