De l’ambiguïté à l’amalgame : la sordide polémique de l’été.

 

De l’ambiguïté à l’amalgame : la sordide polémique de l’été.

 

Jouant sur la méconnaissance collective et les préjugés historiques d’une minorité largement présente au sein des pays européens, le Président de la République a déclanché une campagne médiatique et organisé des rafles collectives qui soulèvent la réprobation dans le monde entier.
Revenons aux faits : Au point de départ, il s’agit de la présence en France d’environ 15 000 citoyens européens venus en majorité de Roumanie et qui, faute d’un minimum de structure d’accueil, vivent ici dans de conditions d’insécurité et d’insalubrité inadmissible. Ces familles étrangères se reconnaissent comme appartenant à la minorité ethnique des Rroms qui regroupe dans l’ensemble de l’Europe aujourd’hui environ 15 millions de personnes. Au mépris des règles de droits fixées par l’Union Européenne des expulsions dites volontaires ou humanitaires sont, depuis quelques années déjà, pratiquées par le gouvernement français et nous n’avons cessé de les dénoncer vigoureusement.
 
Dans sa recherche de bouc émissaire, le Président de la République procède par un odieux amalgame en additionnant à cette chasse aux Rroms étrangers , les 500.000 Tsiganes citoyens français présents en France depuis plusieurs siècles et que l’on désigne administrativement et hypocritement sous le terme « gens du voyage ». Certes les historiens ont depuis peu reconnu une filiation d’origine indienne entre ces diverses communautés, mais aujourd’hui on peut comprendre les réserves de nos concitoyens « gens du voyage » (dont la grande majorité ne voyage plus depuis longtemps d’ailleurs) quand on leur impose une parenté lointaine de plusieurs siècles. Cette distinction culturelle, historique et juridique semble négligeable au Président et aux Ministres qui appliquent ces directives comme le montre dans le détail la fameuse circulaire contestée de toutes parts. Il y est question d’évacuation par tous les moyens de 600 campements illicites concernant prioritairement les Roms. C’est ce ciblage précis qui a attiré les foudres des instances européennes et conduit à la rédaction d’un nouveau texte supprimant cette désignation ciblée.
 
Mais ne nous y trompons pas, cette modification conduit à une situation encore plus contestable. L’assimilation des Rroms et des « gens du voyage » français devient alors totale. D’ailleurs en annexe de la circulaire du 5 août deux, tableaux à remplir chaque semaine par les préfets s’intitulent : Etat des campements illicites des gens du voyage. Depuis un mois, on constate en effet que partout en France et dans notre région les de gens du voyage font l’objet d’un harcèlement quotidien et de mesures d’expulsion pour la plupart non conformes à la loi du 5 juillet 2000.
 
Cet insupportable amalgame repris souvent sans nuance par les médias, ne fait que renforcer et justifier les préjugés et les discriminations de toutes sortes dont sont l’objet les tsiganes français. Chez ces derniers, on sent monter à la fois la colère et le désespoir après des années d’effort pour apparaître comme des citoyens ordinaires respectueux de leur culture.
 
Pour les instances européennes nul doute que les condamnations de la politique française de ségrégation concerne l’ensemble des groupes ethniques d’origine roms et notamment les gens du voyage. Le gouvernement aurait tort de faire la sourde oreille et de ne pas tenir compte de cette condamnation. Pour les prochains mois lorsque les roms roumains auront prioritairement été reconduits dans leur pays d’origine quel pays acceptera-il de recevoir nos « roms français » ?
 
Marseille le 16 /09/2010 Alain FOUREST
 
 
 

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