Du nouveau pour les grands passages ?






"Bonne volonté", confusion et incertitudes dans la préparation des grands passages

Alors que le gouvernement affiche une ferme volonté d’améliorer l’organisation des grands passages, de nombreux obstacles paraissent s’opposer à ce projet. Les associations constatent qu’elles ne reçoivent pas les moyens nécessaires pour jouer leur rôle, et des préfets appliquent déjà des principes de quota bien en dessous de la réalité des besoins. 

 

Depuis le début de l’année des proches collaborateurs du Secrétaire d’Etat au logement et du Ministre de l’Intérieur travaillent à la préparation des grands passages. « Nous voulons faire le maximum pour que les grands passages 2010 se déroulent de la meilleur manière possible », déclare Jérôme Mat, en charge du dossier dans le cabinet de Benoist Apparu. « Nous avons déjà rencontré l’ASNIT et l’ANGVC qui sont à notre connaissance les associations les plus visiblement engagées sur le terrain des grands passages, mais nous gardons la porte ouverte à toutes les associations qui seraient susceptibles de jouer un rôle », précise t-il. Tandis que les juristes des deux ministères se penchent sur une nouvelle formulation des conventions (qui jusqu’à présent n’étaient que rarement utilisées soit du fait des élus refusant de la signer, soit de celui de conducteurs de groupes qui ne la proposaient pas), il s’efforce d’établir les itinéraires des groupes afin de préparer les terrains bien en amont de leur arrivée. « Il ne faut plus que ces situations soient gérées dans l’urgence », insiste le collaborateur du secrétaire d’Etat au logement.

Inquiétudes des associations

« Préparer l’accueil des groupes avant leur arrivée, nous demandons un tel dispositif depuis des années. Mais, il faut pour cela que nous recevions les subventions qui nous permettraient d’aller nous concerter avec les maires et trouver avec eux les terrains satisfaisant pour tout le monde », remarque Désiré Vermeersch, président d’Action grands passages, organisation de l’ASNIT dédiée à l’organisation des stationnements. Il constate qu’il n’a pu jusqu’à présent préparer les itinéraires théoriques que de 40 groupes seulement sur plus de 80, sans aucune garantie quant à l’état des terrains. « Exceptionnellement cette année nous avons retardé d’un mois la convention de Giens en espérant que ce délai supplémentaire permettra de réduire les problèmes que nous avons connus l’année dernière », précise t-il en remarquant que si les terrains ne sont pas utilisables rien n’empêchera que se reproduisent les conflits qui ont émaillés la saison 2009. « Si nous ne trouvons pas des terrains correctes nous seront bien obligés de nous arrêter quelque part », déplore de son côté Fernand Delage, président de l’association laïque France liberté voyage, profondément choqué et inquiété par la teneur d’un courrier reçu de la préfecture de Haute Savoie qui contredit les principes affichés par le secrétariat d’Etat au logement. Ce courrier en date du 22 février annonce sans localiser précisément de terrains que seuls deux groupes de grands passages seront acceptés en même temps sur le département pour une durée de 15 jours maximum. Il demande en outre à l’association qui comme ses collègues a déjà effectuées des demandes officielles de les reformuler. « Il se plein des dérives que le manque de terrains a déclenché l’année dernière. Au lieu de rechercher les terrains qui permettraient de mieux gérer les situations il perd un mois et établit des quotas », déplore le responsable de l’association regroupant des commerçants itinérants qui choisissent leurs lieux d’étapes pour des motifs économiques.

Les limites du pouvoir des préfets et des ministres

Fernand Delage, rappelle que la loi Besson prescrit de réaliser des terrains selon les besoins. Appliquant ce principe, la justice administrative a en août 2009 condamné, la préfecture de Haute Savoie pour ne pas avoir organisé le stationnement d’un groupe dans l’arrondissement de Thonon. Le juge n’avait alors pas tenu compte du nombre de caravanes précédemment accueillies, considérant que chaque groupe était indépendant les uns des autres, il avait constaté l’absence de terrain et débouté le préfet de sa procédure d’expulsion. La différence de ton et de démarche entre les discours annoncés par les instances gouvernementale, les moyens effectivement mis en oeuvre et l’attitude d’un préfet allant dans un sens différent, inquiètent de nombreux élus. Ainsi Dany Kocher, maire de Phalsbourg Moselle annonce qu’il aimerait que les services de l’Etat réunissent les élus bien avant l’arrivée des groupes. « Nous avons pu accueillir un groupe dans de bonnes conditions car tout avait été organisé entre nous et l’équipe des pasteurs. Mais les choses ont été plus difficiles avec un groupe spontané qui n’avait pas été annoncé alors que son existence était connue », témoigne l’élu qui en 2009, fût le seul maire de son arrondissement à jouer le jeu de l’organisation des grands passages. Il constate que les groupes existent indépendamment de la volonté des préfets et que la négation et la répression s’avèrent impuissantes à prévenir et gérer les conflits qui ont des conséquences néfastes à la fois pour les collectivités et les voyageurs.

Qu’en est t-il pour les petits groupes ?

Eberluée de se voir attribuée le rôle d’association impliquée dans l’organisation des grands passages l’ANGVC affiche des craintes vis-à-vis de l’avenir proche. « De nombreuses aires d’accueil ferment pour travaux, des familles se rassemblent autour de malades et n’ont rien à faire avec les groupes de Grands passages, tous doivent pourtant pouvoir trouver des stationnements », remarque Marc Bèziat, délégué général de l’association. Il ne cache pas son inquiétude vis-à-vis d’une politique ne prenant en compte que les grands groupes structurés liés à des organisations. « Pour notre part nous ne sommes pas organisateurs de grands passages. Nous ne sommes sollicités sur ce sujet que par très peu de groupes, mais par contre les problèmes de stationnements des multiples petits groupes familiaux de quelques caravanes ne doivent pas être oubliés », précise t-il  

 







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