{{ {{{Journée nationale des gens du voyage, citoyens victimes de discriminations}}} }}
De Isabelle LIGNER (AFP) –
PARIS — La quatrième journée nationale des « gens du voyage » sera l’occasion ce jeudi de rappeler que ces citoyens français sont victimes de profondes discriminations, dénoncées par la Halde depuis plusieurs années sans avancée significative.
Samedi, constatant que ses recommandations au gouvernement étaient restées lettre morte depuis deux ans, la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) a publié au journal officiel son rapport portant sur deux discriminations législatives majeures visant les gens du voyage: le droit de vote soumis à trois ans de rattachement ininterrompu à une commune (soit six fois la durée imposée à un SDF) et le « carnet de circulation ».
Sur ce dernier point, la Halde recommande « d’éliminer l’obligation de le faire viser tous les trois mois (par la police ou la gendarmerie) et que les peines encourues ne soient plus des peines de prison (de trois mois à un an) mais uniquement des amendes ».
« Nous ne pouvons que rejoindre la Halde et déplorer l’inertie de l’Etat, toujours prompt à poursuivre les gens du voyage mais pas à leur garantir une égalité de droits », a expliqué à l’AFP Stéphane Lévêque, directeur de la Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tsiganes et les Gens du voyage (Fnasat), regroupant 80 associations.
Ainsi, dit-il, « l’Etat ne veut pas utiliser les ressorts nécessaires pour faire appliquer la loi de 2000 qui imposait aux communes de plus de 5.000 habitants de réaliser des aires d’accueil pour les voyageurs »: fin 2008, seules 42% avaient effectivement été mises en place.
Pour le directeur de la Fnasat, « le problème central des +gens du voyage+ », estimés à environ 400.000 personnes en France avec les Roms, et dont un tiers seraient encore nomades, « est celui de l’habitat ». Or poursuit-il, « les aires d’accueil – sur lesquelles on pratique une sorte d’assignation à résidence ne sont pas une réponse satisfaisante pour une grande majorité des familles qui souhaitent, tout en pratiquant parfois l’itinérance, posséder des terrains privatifs dont l’accès reste extrêmement difficile en raison de l’opposition des municipalités ».
« Les besoins en habitat des gens du voyage ont évolué vers plus de sédentarisation et d’habitat social », renchérit Isabelle Mérand, conseillère communautaire de Nantes métropole et présidente du comité de pilotage du Réseau Gens du Voyage, qui participera jeudi à Paris à un colloque sur ces évolutions. « L’un des principaux défis à venir consistera à reconnaître la caravane comme un logement à part entière » pour les gens du voyage.
Cette reconnaissance, qui ne s’est matérialisée seulement par l’imposition par l’Etat d’une taxe d’habitation suspendue jusqu’en 2010, permettrait notamment de faciliter la domiciliation et donc les démarches pour obtenir papiers d’identité, inscription des enfants dans les écoles et des adultes sur les listes électorales.
Alice Januel, présidente de l’association nationale des Gens du Voyage catholiques – ANGVC), milite également à travers une pétition relayée par les autres associations pour que la trêve hivernale (1er novembre-15 mars) concernant les expulsions locatives et les coupures d’électricité soient aussi appliquée aux gens du voyage.
Des familles de voyageurs subissent toujours « une chasse ouverte » permanente, souligne le texte, et « malgré les températures extrêmement basses, des coupures et/ou refus de branchement (d’eau et d’électricité), sans que quiconque ne s’émeuvent des conséquences sur les enfants, les personnes âgées ou les malades ».