{{ {{{Quelle identité pour les tsiganes français ?}}} }}
Au risque de lasser voici ce que nous écrivions dans un éditorial le 20 mai dernier (1)
Il faut alors s’interroger sur le sens de ce débat pour les tsiganes présents sur notre territoire depuis parfois plusieurs siècles et qui, pour la plupart, revendiquent haut et fort leur identité française sans pour autant renoncer à leur culture et leur propre histoire. On notera d’ailleurs l’ambiguïté de la situation qui, tournant le dos aux principes constitutionnels affirmés, tolère un cadre législatif spécifique pour ceux que l’on désigne pudiquement par le terme ‘gens du voyage’. A l’évidence, le principe d’égalité trouve là une curieuse exception .
C’est une nouvelle fois la question qu’il faut se poser alors que le gouvernement engage un débat sur l’identité dont l’ambiguïté et le caractère manipulatoire paraissent évidents. Les réactions que nous recueillons depuis quelques jours montrent l’exaspération de ces « Français de deuxième classe » qui, depuis des générations, se voient refuser une citoyenneté de plein droit et imposer un modèle qui met en cause leur façon de vivre et leur culture plus que millénaire. Dénoncé une nouvelle fois par la HALDE, Le refus de la délivrance d’une banale carte d’identité et la dénomination comme SDF pour beaucoup d’entre eux, ne fait que confirmer cette contradiction intolérable entre le discours politique et la pratique des institutions.
Les conditions dans lesquelles « ce grand débat » est engagé mettent en doute la volonté de ceux qui nous gouvernent de reconnaître aux membres de la communauté des tsiganes une pleine citoyenneté respectueuse de leur histoire et de leur culture. La politique de stigmatisation menée depuis quelques années a conduit à renforcer chez beaucoup d’entre eux la conviction d’être rejetés et utilisés comme boucs-émissaires, responsables de tous nos maux.
La disparition de Claude Levi-Strauss commentée de toutes parts depuis quelques jours est l’occasion de rappeler les messages de ce ‘considérable savant’, découvreur et défenseur acharné des cultures dites minoritaires en voie de disparition : « Toutes les cultures , si diverses soient-elles ont leur place et aucune ne surclasse les autres … Les cultures pour survivre doivent conserver une certaine imperméabilité aux autres … La rencontre de l’autre, de celui qui semble si différent, inassimilable, est la plus grande des chances, un trésor inépuisable même… » Telles sont quelques-unes des « recommandations » parmi bien d’autres qu’il convient de rappeler sans cesse et, pourquoi pas, de mettre avant pour que le faux débat sur l’identité qu’on nous propose prenne la dimension universelle qu’il mérite.
Pour notre part c’est ce combat pour le respect et la mise en valeur d’une culture trop longtemps rejetée sinon niée qui doit orienter nos prochaines initiatives et rendre ainsi hommage à notre manière a ce ‘grand humaniste’ qu’a été Claude Levi-Strauss.
Alain FOUREST Novembre 2009
(1)On trouvera d’autres éditoriaux sur le même thème en allant à la rubrique ‘vie de l’association – éditoriaux’