CES GENS LA !

En cette fin d’été chaud , nous empruntons à l’éditorialiste du journal « le Monde »l’analyse lucide que nous partageons pleinement.

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« Ces gens-là »}}} }}

LE MONDE | 17.08.09 | 15h08 •

L’enquête ouverte par le parquet de Créteil pour « injures publiques à caractère racial » dira si le préfet hors cadre Paul Girot de Langlade, 63 ans, a réellement tenu, à Orly, le 31 juillet, les propos qui motivent la plainte déposée le même jour par une femme agent de sécurité à l’aéroport.

Selon la plaignante, M. Girot de Langlade aurait lancé sur elle le contenu de ses poches après qu’elle lui eut demandé de les vider, le portique de sécurité ayant sonné. « On est là où ? On se croirait en Afrique ici », se serait-il exclamé, avant de déclarer : « De toutes façons, il n’y a que des Noirs ici. »

L’intéressé dément ces propos et dénonce une « manipulation ». Il reconnaît seulement s’être énervé. En 2002, M. Girot de Langlade, alors préfet du Vaucluse, avait déclaré publiquement son hostilité à l’égard des gens du voyage : « Je n’ai pas de tendresse particulière pour ces gens-là. Ils vivent à nos crochets, de la rapine aussi, tout le monde le sait. »

Quatre ans plus tard, devenu préfet d’Indre-et-Loire, il avait estimé : « Il y en a trop (des gens du voyage) sur le département. » Les plaintes déposées contre lui n’avaient pas abouti à une condamnation pour des raisons juridiques.

Il n’empêche : qu’un haut représentant de l’Etat garant des valeurs de la République et de la cohésion sociale parle de « ces gens-là » à propos d’une catégorie de la population, la stigmatisant au surplus en l’estimant en surnombre, est tout simplement inacceptable. En 2007, le préfet Girot de Langlade avait d’ailleurs été placé « hors cadre » après ces propos.

Que le pouvoir actuel ait choisi un haut fonctionnaire ayant ce profil pour coordonner les Etats généraux de l’outre-mer, apparaît au minimum comme une maladresse. L’empressement du ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux, à suspendre l’intéressé de sa fonction après l’ouverture d’une enquête ne va d’ailleurs pas sans hypocrisie : la mission du préfet était quasiment achevée depuis la remise de son rapport, le 30 juillet.

Reste le contexte dans lequel s’inscrivent les propos prêtés à M. Girot de Langlade : celui d’une France où avoir affaire à un employé noir ne va pas de soi, où être français mais non blanc de peau continue de poser question.

Le 7 juin, le maire (PS) d’Evry, Manuel Valls, n’avait pas hésité à estimer qu’il n’y a pas assez « de Blancs, de white, de blancos » dans une brocante de sa ville. Déclaration plus que problématique, là encore. L’habillage sociologique qu’a fourni après coup M. Valls ne fait que masquer une confusion bien périlleuse et qui n’est pas rare, entre le racial et le social.

Article paru dans l’édition du 18.08.09


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