A Lourdes, on pratique la discrimination des voyageurs

A Lourdes. Le 17 août 2012, une famille de 5 personnes — dont un bébé de quelques mois et un homme sous dialyse — se présente à l’accueil du camping Domec. Ils ont réservé un mobil-home à partir du lendemain et pour une semaine. La famille a versé 200 EUR d’arrhes. « Ils sont juste venus la veille pour vérifier la réservation », explique Hélène Haziza, avocate de la famille. Ils sont reçus par la mère du responsable du camping qui l’a tenu pendant des années. « Pour eux, il s’agissait de quelqu’un représentant le camping », souligne Me Haziza. « On ne prend pas les gens du voyage. Vous auriez dû me dire à la réservation que vous étiez membres de la communauté des gens du voyage », indique la mère du gérant du camping à cette famille venue à l’occasion du pèlerinage des gitans dans la cité mariale. Le ton monte alors rapidement. « En voyant un petit garçon noir dans le camping, vous avez dit : vous êtes des racistes. Vous acceptez les nègres et les Arabes mais pas les gens du voyage. » La présidente Élisabeth Gadoullet cite un propos tenu par la mère de famille. La mère du patron du camping, elle, s’empresse de rendre les 200 EUR d’arrhes et invite la famille à quitter les lieux. La famille dépose alors une main courante auprès de la police, laquelle va entendre la dame du camping. Elle confirme en substance aux policiers que le camping « choisit ses clients et ne prend pas les gens du voyage ». Un témoin de l’altercation ajoute que la dame du camping aurait ajouté : « Il fallait que je m’en débarrasse pour le confort de mes clients ».
Dans le même temps, Christian Domec porte plainte contre la famille des gens du voyage qui, en partant, aurait dégradé le portail du camping.
Interdit de choisir ses clients selon l’origine
Pour Me Haziza, « on n’a pas le droit de sélectionner sa clientèle selon l’origine. Il s’agit d’une discrimination caractérisée ». Outre l’humiliation ressentie, Me Haziza, explique que la famille a dû trouver en urgence un logement de fortune : en l’occurrence, une toile de tente. Elle ajoute que le nourrisson de 2 mois a dû être hospitalisé.
La substitut du procureur explique que la mère du gérant ne représente pas la personne morale. Elle estime, en substance, « que le refus de la prestation sur le seul motif de l’origine » n’est pas clairement établi, pas plus qu’une éventuelle « politique discriminatoire » du camping.
L’avocat du camping soutient d’ailleurs qu’il n’y a absolument « aucune politique discriminatoire » mise en place par le camping qui « a déjà accueilli et accueille encore des gens du voyage ». Il explique qu’il s’agit « d’une simple querelle de personnes ». S’il y a eu un problème, « c’est parce que la famille voulait être hébergée la veille de sa réservation. Ce qui n’était pas possible car le mobil-home était occupé… Mme Domec, maladroitement, a tenté de se sortir de cette situation ». Il ajoute que son client, Christian Domec, ne peut-être « responsable, au pénal, que des faits dont il est l’auteur ».
Le tribunal a reconnu le camping Domec coupable de discrimination et l’a condamné à 1.000 EUR avec sursis et à verser 100 EUR de dommages et intérêts à la partie civile.
Thierry


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