A Martigues la mobilisation citoyenne semble avoir payé

Le témoignage de Nanie

Les Roms ont vocation à s’intégrer…

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C’est ce que, à une échelle très localisée, vient de démontrer l’action menée à Martigues autour de quelques familles Roms, une quarantaine de personnes environ. Celles-ci ont squatté plus d’un an une maison désaffectée appartenant à l’Etat.
Rapidement, un collectif de soutien s’est constitué. Sa caractéristique ? Sa grande diversité[1], son ouverture totale à la citoyenneté, et sa volonté dès le début de conjuguer accompagnement concret des familles, et lutte idéologique contre les exclusions. De mêler participation assidue aux réunions avec les autorités et manifestations, devant la sous-préfecture, ou devant le tribunal. De considérer que les différences entre chrètiens et non croyants, syndicalistes, politiques, caritatifs et militants associatifs, loin d’être un handicap, étaient au contraire une source de richesse et d’efficacité.
Le collectif n’a jamais remis aux autorités, aux instances institutionnelles, le soin de régler le sort de ces familles. Au contraire, il a toujours considéré que l’action au grand jour, l’appel clair aux habitants, la publicité la plus importante possible étaient garants des succès.
Le collectif n’a ménagé aucun effort pour entourer ces familles des nécessaires solidarités qui seules pouvaient assurer leur protection. Pour contrecarrer l’argument de dangerosité de la maison mis en avant par les autorités, des subventions ont permis de refaire l’installation électrique jugée déféctueuse. Des poêles en conformité avec les normes ont été achetés, l’urgence de démolir la maison a été battue en brèche par une étude sérieuse du dossier autoroutier….parallèlement, des militant(e)s s’occupaient du suivi des enfants scolarisés, de l’obtention des cartes AME, des questions quotidiennes qui foisonnaient, on s’en doute.
Mais surtout, des manifestations publiques ont pu rassembler des participants en nombre, montrer la culture de ces personnes, les raisons de leur venue en France, leur grande humanité…Ce fut le cas de la soirée NOUS LES ROMS, à la MJC de Martigues, au mois de mars, et tout particulièrement de la venue de Eric Fassin, le 10 octobre, qui fut une étape décisive dans la période où tout était en train de se régler. Le collectif a participé, avec les familles, aux concerts organisés par RESF contre le racisme. Il a tenu un stand à la journée d’initiative citoyenne organisée par le collectif Front de Gauche de St Mitre….
Un appel à témoignages auquel des personnalités martégales ont répondu avec coeur, et une pétition, qui en 4 semaines a été honorée de 1100 signatures, ont marqué l’ampleur de l’élan de solidarité autour de ces personnes.
Aussi, malgré le jugement d’expulsion sans délai prononcé en décembre, la sous-préfecture a-t-elle proposé, devant un tel élan, de travailler avec le collectif et la mairie à trouver des solutions.
En huit mois, avec les efforts conjugués des trois parties, des résultats appréciables sont obtenus. Et ce sont aujourd’hui six familles de Roms qui sont en bonne position pour travailler, se loger, et ainsi vivre dignement dans notre ville. Même si nous déplorons que deux familles, sous les pressions des autorités, soient reparties en Roumanie, nous saluons les résultats obtenus.
Certes le comportement des familles Roms a beaucoup joué pour attirer les sympathies et les solidarités. Mais c’est aussi la richesse de ce collectif, étayé sur sa diversité et sa citoyenneté, qui a permis que tout au long de ce chemin délicat, les positions politiques adoptées et mises en oeuvre aient été solides, et suivies de ce succès.
Les réunions fréquentes, bruyantes, où chacune et chacun cherchait à apporter sa contribution, pouvaient présenter une apparente désorganisation. Pourtant, c’est grâce à cet investissement libre et généreux de chacune et de chacun que l’ensemble du collectif a pu jouer un rôle majeur.
Une bataille concrète, radicale, qui montre que lorsque les citoyens, les organisations s’emparent d’une cause et la servent sans arrières-pensées boutiquières, ils peuvent l’emporter.
Nanie Bellan, membre de Ensemble OEB, de la LDH, citoyenne du monde.

[1] Le collectif de solidarité aux Roms de Martigues comporte des citoyens engagés et les organisations suivantes : ASTI, CCFD-Terre-Solidaire, EELV, ENSEMBLE, FCPE, FSU Martigues, Ligue des Droits de l’Homme, N.P.A., P.G., R.E.S.F., Sud Education ; UL CFDT Martigues, UL CGT Martigue


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