Depuis quelque temps, cet animal mythique que l’on croyait à jamais éradiqué revient au galop. Les médias de l’été nous rappellent à chaque instant que, dans les Alpes, des troupeaux de paisibles moutons sont attaqués. Les éleveurs sont à juste titre excédés par ces prédateurs protégés et dont l’intelligence leur permet d’éviter tous les pièges pour satisfaire leur instinct de chasseur. La polémique fait rage. De nombreux éleveurs manifestent leur désarroi et exigent le droit d’éliminer cet animal dangereux. Il y a beaucoup trop de loups. Tous les jours il y a des attaques, les troupeaux sont décimés même les enfants ont peur ça les empêche de dormir Le gouvernement s’en émeut et Madame Royal multiplie les réunions au sommet, les promesses et les circulaires pour calmer le jeu. « Il s’agit de protéger les troupeaux en écartant les prédateurs des alpages… On renforce comme jamais l’arsenal législatif qui va permettre aux éleveurs de se protéger… ».
La guerre du loup est relancée par les éleveurs et le gouvernement Qui veut tuer le loup ? (le Monde du 13/08/2014)
Certes, comme chaque été, ce thème permet aux journalistes en mal de sujet de remplir des colonnes et de faire des images, mais cette actualité médiatique s’appuie sur des faits bien réels : Les loups sont de retour, on en compte quelque 300 individus en France. Venant de l’Est de l’Europe et de l’Italie ils ont franchi les Alpes et se dispersent dans les sites montagneux du Sud du pays. On en aurait même vu un au pied de la Sainte Victoire !
Ce retour inattendu de canis lupus soulève une émotion collective sans commune mesure avec le nombre d’individu en cause et leur dangerosité. La haine focalisée sur l’animal semble disproportionnée au vu des pertes subies par le cheptel ovin. Le loup en effet représente pour l’imaginaire collectif, l’archétype de nos phantasmes. Depuis le moyen âge le loup apparaît comme un animal terrifiant, dévoreur d’êtres humains ; il est associé au mal, au péché, à la sorcellerie. Desservi par une si mauvaise réputation, il est traqué et chassé impitoyablement au cours des siècles, imprimant dans la mémoire collective une phobie nourrie par des croyances populaires et les contes de fées dont le célèbre Petit Chaperon rouge est l’exemple le plus flagrant. Les expressions de la langue courante témoignent encore aujourd’hui de la permanence de ce mythe : un froid de loup, une peur de loup, se jeter dans la gueule du loup, hurler avec les loups, faire entrer le loup dans la bergerie, marcher à pas de loup etc….
Et pourtant cet animal, objet de nos terreurs d’enfant et parfois encore d’adulte, fait aujourd’hui partie des espèces protégées. Il est un reconnu comme un élément indispensable de l’équilibre écologique et de la biodiversité. Sa capacité d’adaptation et son intelligence sont reconnues par les spécialistes. Certains à l’image de Rémulus et de Rémus dans la mythologie romaine ont même élevé et vécu avec cet animal pour mieux le comprendre. Le statut et l’image du loup sont encore bien fragiles dans les mentalités. Il faudra du temps pour que ces prédateurs cessent d’être victimes de persécution et soient acceptés par les hommes à l’instar des sociétés dites « primitives » qui respectaient le loup en en avait fait un mythe vivant.
Mais que vient faire ici cet éditorial de l’été ? Le rédacteur a, sans doute, pris un coup de soleil ! Une métaphore ? A l’évidence aucun rapport avec les Roms /Tsiganes et les Gens du voyage. Quoi que, en y regardant de plus près !
Alain Fourest
Marseille le 1er août 2014