Rapport annuel de Romeurope

Les Roms, boucs émissaires des politiques

Sylvain MOUILLARD LIBERATION 5 mars 2014 à 17:41

Le collectif Romeurope, dans son rapport annuel, cible les discours stigmatisants des responsables politiques, tous bords confondus.
Le constat est forcément désabusé.

Le collectif Romeurope présentait ce mercredi son rapport politique 2012-2013. Bilan : « Malgré le changement de gouvernement, force est de constater avec consternation que la situation des personnes vivant en squats et bidonvilles s’est dégradée. » L’état des lieux, martelé à intervalles réguliers par les associations et les services spécialisés de l’Etat, est connu : la circulaire du 26 août 2012, censée permettre l’intégration des quelque 17 000 habitants des bidonvilles – majoritairement Roms -, n’est pas suffisamment appliquée.
« Les Roms sont assignés à cette identité et sont vus comme ingérables, voire comme responsables de l’habitat insalubre », souligne Claire Sabah, du Secours catholique. Les associations, déplorant une politique « inefficace, inhumaine et coûteuse », persistent : seul le recours aux dispositifs de droit commun, pour le logement, la santé, et l’éducation, serait pertinent. Mais elles ne rêvent pas. « A deux semaines des élections municipales, la parole se libère, le climat est de plus en plus nauséabond », juge Claire Sabah. Boucs émissaires de premier ordre, les Roms sont souvent dans le collimateur des candidats. A l’image de Paul-Marie Coûteaux, candidat du Front national dans la capitale, qui suggérait récemment sur son blog de les « concentrer (…) dans des camps », qualifiant leur présence dans le chic VIe arrondissement d’« invasion » ou de « lèpre ».
Un dérapage qui n’est malheureusement pas le premier. Dans son rapport, Romeurope pointe la « continuité » d’un discours « stigmatisant de droite à gauche ». « Depuis le discours de Nicolas Sarkozy à Grenoble [en 2010], la stigmatisation de cette population est perçue comme un impératif par des responsables politiques français dans le cadre de leurs campagnes électorales ». Le collectif a établi un pot bien pourri de ces déclarations en 2013. Inventaire.
« Quand les Roms s’installent quelque part, c’est avéré, après on a une recrudescence des cambriolages. »
Samia Ghali, sénatrice PS et maire des 15e et 16e arrondissements de Marseille, le 9 avril 2013. Elle est candidate à sa réélection.
« Mais c’est 2 000 de trop ! [A propos des 2 000 Roms de l’agglomération marseillaise, ndlr] Même si c’était dix, c’est encore trop (…). Ces gens bien entendu vivent de rapine et de vol… Pas de l’air du temps ! » Guy Teissier, maire UMP des 9e et 10e arrondissements de Marseille, le 1er juin 2013. Il est candidat à sa réelection.« Bientôt à Marseille #Capelette pour la même action »
Marseille, en réponse à un article d’Europe 1 annonçant le 1er juin 2013 que trois cocktails Molotov avaient été jetés dans la nuit contre des caravanes occupées par des Roms à Hellemmes (Nord). Il est de nouveau candidat sur la liste de Guy Teissier.


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