Des journalistes à l’honneur

Nous avons ici souvent l’occasion de mettre en cause les médias pour leurs façons trop souvent superficielles sinon mensongères d’aborder la question des Roms Tsiganes. Raison de plus pour rendre hommage aux journalistes qui prennent le temps d’un travail sérieux pour permettre aux lecteurs et téléspectateurs de se faire une opinion plus juste . Nous connaissons les contraintes de ce métier et nous nous efforçons de les accompagner dans ce travail souvent peu gratifiant.

Ne pas manquer le propos de Simon Flaissière Maire de Marseille en 1923

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A Ruisseau Mirabeau.

par Olivier BERTRAND Libération

Photo Yohanne Lamoulère/

Comme annoncé hier, quatre pages ce matin dans Libération week-end au sujet du bidonville de Ruisseau Mirabeau, suivi depuis quelques mois avec la photographe Yohanne Lamoulère, pour comprendre survie et débrouille, réactions de rejet, tentatives de médiation, d’intégration… Si je ne devais retenir qu’une chose (après avoir essayé d’oublier cette phrase d’une locataire appelant à stériliser les Roms), ce serait ceci : plusieurs interlocuteurs nous ont demandé de ne pas trop mettre en avant les risques sanitaires encourus par les Roms, sur leurs campements précaires. Médecins et associations ont besoin d’être informés précisément, ils le sont, mais pour le reste ils savent que ces informations stigmatisent un peu plus les populations. Cendrine Labaume, coordinatrice générale de Médecins du Monde à Marseille résumait cela ainsi : « Les Roms ne sont jamais considérés comme victimes de maladies, mais comme vecteurs ». Choisir de l »écrire cepeendant, c’est penser que l’on peut aider à réaliser le danger du niveau de rejet atteint. Et que d’autres populations arrrivant à Marseille ont vécu. En octobre 1923, rapporte le dernier rapport d’activités de l’association Rencontres tsiganes, le maire de Marseille, Siméon Flaissières, écrivait ceci au préfet des Bouches-du-Rhône :

« Depuis quelque temps se produit vers la France, par Marseille, un redoutable courant d’immigration des peuples d’Orient, notamment des Arméniens. Ces malheureux assurent qu’ils ont tout à redouter des Turcs. Au bénéfice de cette affirmation, hommes, femmes, enfants, au nombre de plus de 3.000, se sont déjà abattus sur les quais de notre grand port. Après l’Albano et le Caucase, d’autres navires vont suivre et l’on annonce que 40000 de ces hôtes sont en route vers nous, ce qui revient à dire que la variole, le typhus et la peste se dirigent vers nous, s’ils n’y sont pas déjà en germes pullulants depuis l’arrivée des premiers de ces immigrants, dénués de tout, réfractaires aux moeurs occidentales, rebelles à toute mesure d’hygiène, immobilisés dans leur indolence résignée, passive, ancestrale. (…) Des mesures exceptionnelles s’imposent et elles ne dépendent pas des pouvoirs locaux. La population de Marseille réclame du gouvernement qu’il interdise vigoureusement l’entrée des ports français à ces immigrés et qu’il rapatrie sans délai ces lamentables troupeaux humains, gros danger public pour le pays tout entier ».


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