Une famille de Roms du puits Z s’est installée sur la commune de Saint-Martin-de-Boubaux, en Lozère, permettant à l’école du village d’éviter la fermeture. Ou quand l’immigration est une chance pour les zones rurales à la démographie déclinante.
- Écrit par Sabrina Guintini
- lundi 5 octobre 2015 19:29
La ville de Gardanne (et son maire communiste, Roger Meï), s’est retrouvée sous les feux médiatiques il y a 3 ans, pour avoir accueilli 11 familles de Roms sur un terrain aménagé au puits Z. Un hébergement provisoire qui a permis à la Ville et ses services, aux associations impliquées et à certains habitants jamais déstabilisés par la bronca populaire et les récupérations électorales malveillantes, d’aider les familles à trouver une issue à leur errance.
Depuis, certains ont, selon leurs souhaits, regagné la Roumanie. Une famille a été relogée aux Pennes Mirabeau, une autre à Marseille, deux ont pris le chemin de l’Irlande. Des trajectoires variées auxquelles vient de s’ajouter celle, inattendue, qui a conduit Cornel, Violeta et leurs quatre enfants jusqu’à Saint-Martin-de-Boubaux, où leur arrivée a permis à l’école du village un sursis salutaire.
2012-2015 : l’accueil au puits Z
Septembre 2012 : deux camps de Roms s’installent illégalement à Gardanne, l’un au puits Morandat, l’autre sur un terrain privé. Alerté par des associations locales, le maire PCF, Roger Meï, prend la décision, au lieu de les mettre dehors comme l’écrasante majorité de ses homologues, d’accueillir la dizaine de familles en un seul lieu : le puits Z, inexploité depuis la fermeture des mines au début des années 2000.
Pour justifier cet accueil décrié par une grande partie de la population, Roger Meï brandit la circulaire du 26 Août 2012, rappelant que « les principes fondateurs de la République exigent d’assurer un traitement égal et digne de toute personne en situation de détresse sociale ». Ce à un an et demi des élections municipales… Une prise de risque que l’édile balaie d’un argument : pour lui, il s’agit de respecter les Droits de l’Homme. « Nous prenons notre part d’humanité pour aider ces personnes, qui sont des citoyens comme les autres, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs. »
Constituées en collectif, les associations épaulent la municipalité et le CCAS. Raccordements électriques, alimentation en eau potable, installation de caravanes et d’une toilette sèche, mise en place d’un container et d’une zone de ferraillage… La police municipale est présente au quotidien pour s’assurer que les familles respectent la charte rédigée par la Ville : scolarité obligatoire des enfants, entretien du camp, interdiction de mendier, interdiction d’accueillir des personnes extérieures et autres règles y sont listées.
Un accompagnement à la scolarité est organisé, les mères suivent des cours d’alphabétisation. Médecins du Monde se charge du suivi médical tandis que le collectif, aidé par un travailleur social missionné par le CCAS, se dépêtre de formalités administratives compliquées pour notamment, aider les Roms à trouver du travail suite aux levées des mesures transitoires en janvier 2014.
L’opération nécessite des demandes de financement auxquelles répondent l’Etat (83 666 euros), le Conseil général (35 000 euros), la Ville déboursant 34 000 euros. L’Europe, sollicitée, est aux abonnés absents malgré la confortable enveloppe allouée à ce type de projet. En juin 2014, de nouvelles subventions permettent la reconduite de l’accueil, avec pour objectif une fermeture définitive du camp dans les mois à venir – à condition que chaque famille soit réinsérée en dehors de Gardanne : 140 000 euros sont injectés par les mêmes acteurs, avec une enveloppe supplémentaire de l’Etat (11 500 euros) pour accompagner le relogement. Sur les 85 personnes accueillies en 2012, 31 ont quitté le site sur un projet d’intégration, 6 ont été exclues, 6 sont parties volontairement. Une quarantaine de Roms reste à reloger après l’année scolaire en cours.
D’une ville industrielle à un village rural
A la frontière du Gard et de la Lozère : Saint-Martin-de-Boubaux, minuscule village auquel on accède par une route étroite et sinueuse, bordée de châtaigniers et de vieilles pierres. Un coin de paradis forestier où vit une petite poignée d’habitants – trop peu pour assurer à son école une ouverture pérenne. Pour les élèves, les conséquences de la fermeture seraient lourdes, comme l’indique Jean-Pierre Michelet, adjoint au maire : « Les enfants seront obligés de se rendre à 15 kilomètres, soit 40 minutes de car jusqu’au Collet de Dèze, où il faudra en plus ouvrir une classe et créer un poste. Cela revient à déplacer le problème. On a estimé à 40 000 euros les frais de transport par an. Pour nous, c’est inenvisageable. »
La solution, c’est un bénévole de la Fondation Abbé-Pierre, Patrick, qui la leur donne : pourquoi ne pas demander au maire de Gardanne, à 184 kilomètres de là, d’installer une famille rom dans le village ? Aussitôt proposé, aussitôt mis en pratique : Roger Meï et les membres du collectif Roms désignent quatre familles potentiellement intéressées, et les emmènent jusqu’en Lozère. Sur place, le maire PCF, Alain Louche, leur explique qu’il mettra à leur disposition, un logement social (460 euros par mois), et au père de famille, un travail dans la scierie de la commune. Les principaux intéressés ne semblent pas renversés outre mesure par le tableau dépeint.
Cornel et Violeta Banciu, eux, se montrent instantanément séduits par la perspective d’un changement de vie radical : d’une ville industrielle de 21 000 habitants à une commune rurale de 180 âmes (le village en lui-même compte une douzaine d’habitants en plein hiver), l’idée de refuser une telle expérience ne les effleure même pas. Alain Louche demande à Cornel de faire un essai à la scierie. Concluant. Précédés par un camion affrété par le collectif, où s’entassent quelques meubles offerts par la Fondation Abbé-Pierre, Cornel et Violeta prennent donc la route en mars 2015 avec leurs enfants, Cornelia, Amador, Armando et la petite dernière, Maria, deux ans – un des quatre « bébés puits Z ».
Commentaires
Une réponse à “Une intégration réussie”
connaissant le cirque ROMANES le seul cirque tsigane en FRANCE
Ou et comment signer la pétition pour les soutenir
merci beaucoup
Mr NEYRAND max habitants Marseille