Un habitat léger, éphémère, mobile ? c’est possible !

 

Un habitat léger, éphémère, mobile ? c’est possible !

Un beau week-end de septembre, Mérindol, village du Sud-Vaucluse au bord de la Durance a réuni des centaines de visiteurs venus de toutes les régions pour les treizièmes rencontres éco-citoyennes. C’est la fête mais aussi l’occasion de réflexions plus sérieuses sur de nouvelles formes d’habitat. Durant deux jours, autour de l’association HALEM, des témoignages et des propositions rassemblaient des citoyens, des élus, des juristes, des architectes urbanistes, des militants associatifs, chacun apportant sa pierre pour élaborer d’autres formes d’habitat. ‘Vivre et habiter autrement’ tel était le thème de ces rencontres originales à plus d’un titre. Un catalogue : Regards croisés sur l’habitat léger/mobile fait la synthèse de ces initiatives. www.relier.info

Après avoir répondu à l’appel du maire de la commune et assuré leur solidarité avec les familles de Roms/Tsiganes expulsées de toutes parts, les participants ont écouté les divers témoignages de ceux qui, depuis parfois plusieurs années, ont trouvé des formes d’habitat alternatif en général non conforme aux règles habituelles : cabanes, mobil-home, camion, yourte et bien sûr caravane. Des témoignages de gitans sédentarisés ont montré qu’ils n’étaient pas les seuls à s’affronter à une réglementation rigide et inadaptée aux attentes d’une part croissante de la population. Quelques maires courageux, affrontant l’illégalité, ont montré qu’il était possible d’engager un dialogue constructif pour sortir du tout ou rien et répondre aux besoins d’une population à la recherche de nouvelles formes d’habitat.

On a entendu toutes les objections généralement mises en avant pour s’opposer à ces innovations : mitage du territoire rural, fragilité et inconfort, gaspillage énergétique, pollution physique et visuelle, atteinte au paysage, coût des raccordements aux réseaux collectifs etc. Devant toutes ces bonnes et plus souvent mauvaises raisons, de multiples témoignages ont permis de démontrer le caractère inadapté et souvent discriminatoire de la réglementation en matière d’urbanisme et de logement. Trop souvent, l’interprétation de la loi se fait au détriment de ceux qui, par choix ou par nécessité, sont perçus comme des marginaux ou des utopistes. Par expérience nous savons combien les Roms/Tsiganes ou gens du voyage sont la cible privilégiée des pouvoirs publics lorsqu’ils tentent de se sédentariser sans pour autant se conformer à un habitat traditionnel individuel ou collectif. 

Les participants se sont montrés réalistes et responsables. Il ne s’agit pas de nier toute réglementation et permettre n’importe quelle forme d’habitat au risque de voir se reconstituer des bidonvilles et massacrer le territoire. Toutefois devant l’évolution et la diversité des besoins de nos concitoyens, devant le coût sans cesse croissant de l’habitat traditionnel et la grave crise du logement en France dont l’issue n’est pas pour demain, il est plus que jamais indispensable de faire preuve d’imagination, d’intelligence et d’ouverture en recherchant des modes d’habitat alternatifs moins coûteux, et néanmoins confortables et dont la durée de vie serait suffisamment courte pour ne pas obérer l’avenir.

Au-delà des initiatives souvent individuelles présentées à Mérindol, d’autres projets d’habitat léger, éphémère, collectif se font jour pour répondre aux besoins urgents de familles Roms comme à Montreuil, ou Lille. La remise en cause de la loi du 5 juillet 2000 sur les gens du voyage français devra prendre en compte ce besoin d’un habitat adapté et la reconnaissance des terrains familiaux. Le chemin est encore long lorsque l’on constate les nombreux obstacles à franchir mais on a pu, avec satisfaction, constater, à Mérindol, qu’une solidarité est possible entre Tsiganes et Gadgé de bonne volonté.
Marseille le 2 octobre 2012
Alain FOUREST


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