16 juillet 2012 : « Les jeunes voyageurs français ne veulent plus de titres de circulations »
Par la rédaction de Dépèche Tsigane
Déclaration de Milo Delage, président de France Liberté voyage. Le 16 juillet marque le centenaire de la loi de 1912 (révisée en 1969) qui impose des titres de circulation aux gens du voyage. Dénoncé comme discriminatoire par les instances internationales ONU, Conseil de l’Europe, Union Européenne et la HALDE, ce statut spécial fait l’objet de plusieurs propositions de lois visant à son abrogation portée par les sénateurs Benbassa (EELV) et Hérisson (UMP).
« Les jeunes voyageurs français ne veulent plus de titres de circulations »
Comme nous, les jeunes ne veulent plus subir les discriminations qui découlent des titres de circulation qui ont été inventés en 1912 pour faire de nous des citoyens de seconde zone. Ils veulent être des citoyens à part entière.
Droit de vote
Il nous faut trois ans d’inscription dans une commune pour pouvoir voter au lieu de six mois pour tous nos compatriotes. Parfois on nous oppose l’horrible quota qui limite le nombre des voyageurs à 3% de la population pour essayer de nous interdire de stationner dans un territoire. Tous les jours nous avons des problèmes avec les administrations, les banques les assurances.
Adresse administrative et adresse réelle
L’adresse officielle qui figure sur mon titre de circulation et tous mes papiers est seulement le nom de ma commune de rattachement « le Mans », cela ne donne pas confiance à mes interlocuteurs. Je suis un grand voyageur qui sillonne toute la France mais j’ai comme la plupart des Français une adresse réelle avec des proches qui me font suivre mon courrier à 270 kilomètres de ma commune de rattachement.
Difficulté pour travailler
Dans certains marchés, les placiers refusent les commerçants qui ont des titres de circulation et les empêchent de travailler. Cela s’est encore produit, pas plus tard que le 11 juillet à Marseille.
Humiliations permanentes
Depuis l’âge de 13 ans, en 1964, je vis avec un titre de circulation que je dois aller faire tamponner régulièrement dans une gendarmerie. Même encore aujourd’hui alors que je suis à la retraite. Les jeunes eux depuis 1969 n’ont des carnets ou des livrets qu’ à partir de 16 ans (au lieu de 13 ans de 1912 à 1969) , mais ils sont moins patients que nous et ils veulent des cartes d’identités avec de vraies adresses, comme tout le monde. Beaucoup de sédentaires déménagent très souvent, ils n’ont pas de titres de circulation. Les gens qui n’ont pas d’adresses stables peuvent aussi être domiciliés dans des organismes agréés. Les jeunes ne veulent plus être humiliés par l’obligation de faire viser les titres. J’ai toujours une appréhension car, si j’ai quelques jours de retard je risque une amende. Les gens qui me voient se demandent si je ne suis pas un bandit soumis au contrôle judiciaire et je crains toujours des tracasseries. Avec les problèmes de domiciliations les amendes routières nous arrivent en retard donc majorées. Il nous faut alors nous battre pour prouver notre bonne foi. A ma connaissance personne de recherché par la police ne s’est fait arrêter en faisant viser son titre de circulation. D’ailleurs lorsqu’ils nous contrôlent sur la route ou sur un lieu de stationnement les gendarmes ne s’intéressent pas à nos titres de circulation. Ils ont d’autres moyens pour savoir qui nous sommes ».
Fernand Milo Delage, président de France liberté voyage, vice président de l’Union Française des associations tsiganes.