Quand l’espoir renaît…

Quand l’espoir renaît…

L’annonce du résultat de l’élection présidentielle le 6 mai au soir a permis à bon nombre d’entre nous d’entrevoir des perspectives de profond changement dans les conditions faites aux Roms Tsiganes et gens du voyage. Durant les dix dernières années, nous n’avions pu que constater une remise en cause systématique des droits attachés à ces populations et au respect de la singularité de leur culture. La dernière avancée bien que modeste et incomplète avait été marquée, il y a 12 ans, par la loi du 5 juillet 2000 dite loi BESSON (Louis) qui rendait obligatoire la réalisation par les communes des aires d’accueil. Cette loi aujourd’hui n’est appliquée que dans moins de la moitié des communes. Par la suite les pouvoirs politiques en place n’ont eu de cesse d’en réduire la portée et de criminaliser le voyage et les voyageurs en votant une suite de lois dites sécuritaires qui assimilent l’ensemble de la communauté tsigane à des délinquants. Par ailleurs, l’entrée dans l’Union Européenne de la Roumanie et de la Bulgarie ont conduit des familles à fuir ces pays à cause de la misère dans lesquelles elles étaient réduites et du racisme à leur égard en raison de leur appartenance à la culture Rom.

Durant l’été 2010, une stratégie de stigmatisation des Roms Tsiganes s’est développée à l’occasion des violences survenues entre un groupe de gitans et la gendarmerie à Saint Aignan (Loir et Cher). Le Président de la République a, le 30 juillet à Grenoble, tenu des propos scandaleux mettant en cause non seulement les Roms d’origine étrangère mais l’ensemble de la communauté tsigane française. Les nombreuses condamnations de ces propos et de cette politique d’expulsion contraire aux droits les plus élémentaires n’ont eu aucun effet sur un gouvernement qui jusqu’aux derniers jours, par la voix du Ministre de l’intérieur, a poursuivi cette politique inhumaine et odieuse de chasse aux Roms Tsiganes.

L’élection de François Hollande et la perspective d’une nouvelle majorité à l’Assemblée Nationale comme au Sénat permettent d’espérer la fin de cette politique intolérable du bouc émissaire contraire aux principes républicains. Les promesses du candidat Hollande et les propos de plusieurs nouveaux ministres sont une première étape qui laisse espérer de réels changements dans les prochains mois. Le Premier Ministre a su en tant que maire de Nantes mener, malgré de lourdes contraintes, une politique d’accueil courageuse envers les Roms et les voyageurs. Les différentes associations et collectifs de soutien aux Roms Tsiganes ont déjà eu l’occasion de mettre en avant les questions les plus urgentes et nous y reviendront aux cours des prochains mois.

Si l’espoir renaît de voir enfin s’ouvrir une nouvelle étape dans la reconnaissance des droits du peuple Rom/Tsigane, nous savons que rien n’est acquis et que, en France comme en Europe, les forces porteuses des idéologies du racisme et de la discrimination se développent. Sur le terrain, les multiples préjugés de nos concitoyens et les réticences des élus locaux persistent. Il conviendra donc d’être plus que jamais vigilant. Dans l’immédiat des signes forts doivent être donnés sans délai par le nouveau pouvoir :
-Moratoire des expulsions sans solution de relogement et mis en place d’un hébergement d’urgence pour les familles Roms. Pour les voyageurs en application de la loi du 5 juillet 2000, le recours à la force publique ne pourra être accordé dans les communes qui ne se sont pas conformées à la loi. Reconnaissance de la caravane comme un logement. Responsabilité du Préfet dans l’accueil des grands groupes. 
Ces quelques exemples permettront de regagner la confiance des différentes communautés de Roms Tsiganes et d’ouvrir enfin un dialogue permettant de bâtir une politique du « vivre ensemble » dans l’écoute et le respect des uns et des autres. Pour notre part nous nous mobilisons pour participer à ce dialogue tant attendu.
Alain FOUREST
Marseille juin 2012


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